Biais de confirmation : la question qui vous immunise contre ce biais cognitif populaire

Lisez-vous cet article en quête d'information ou en quête de confirmation ?

Si je vous pose la question, c'est parce que la plupart des gens qui veulent mieux s'organiser vont s'orienter sur ce qu'ils font déjà.

Leur biais de confirmation les incite à privilégier les articles et les méthodes qui collent avec leurs pratiques actuelles.

Et c'est normal.

Le problème ?

Si les solutions utilisées jusqu'ici n'ont pas fonctionné, alors il est intéressant de chercher ailleurs. Chercher des solutions qui vont peut-être à l'encontre de leur pratique et croyance actuelle.

Par exemple, vous utilisez peut-être depuis toujours des to-do listes pour vous organiser... ou alors vous pensez qu'il faut se lever tôt pour réussir...

Et si vous voyez un titre d'article qui dit "Pourquoi vous devriez brûler votre to-do listes" ou "Je ne mets plus de réveil depuis des années... et je vais beaucoup mieux"... alors les chances d'ignorer l'article sont grandes.

Pourquoi ?
Parce que nous sommes tous mentalement "câblés" à ignorer ce qui vient contredire nos croyances actuelles.

"Notre cerveau..."

disait Daniel Kahneman (psychologue et économiste, lauréat du prix dit Nobel d'économie)

"... est une machine à sauter sur les conclusions".

Dans cet article je partage avec vous ce qu'est le biais de confirmation et ce que faisait Charles Darwin pour échapper à ce biais cognitif qui nous touche tous.

C'est quoi le biais de confirmation ?

Selon Raymond S. Nickerson (psychologue et auteur américain), le biais de confirmation consiste à prioriser et croire l'information qui vient confirmer nos hypothèses.

biais de confirmation

Toujours selon lui, le biais de confirmation est une force majeure, mais subtile.

"Si un individu devait identifier un seul problème du raisonnement humain, le biais de confirmation ferait partie des candidats à considérer".

Il existe des dizaines voire des centaines de biais cognitifs (comme le biais de l'optimisme ou encore le biais du survivant)... mais le biais de confirmation est l'un des biais les plus importants.

Dans le livre Decisive les auteurs (Chip et Dan Heath) mentionnent une méta-analyse qui se base sur 91 recherches sur plus de 8000 sujets participants.

Cette méta-analyse démontre que nous sommes deux fois plus enclins à favoriser une information confirmante qu'une information invalidante (validant / invalidant notre point de vue).

La méta-analyse a démontré que les sujets émotionnels tels que la politique ou la religion étaient bien plus touchés par ce biais.

Le biais de confirmation est encore plus fort quand la personne a engagé beaucoup de ressources dans son point de vue / croyance / opinions.

Pourquoi le biais de confirmation existe?

1. Nous avons tendance à décider inconsciemment avant de choisir consciemment.

2. Nous avons tendance à aimer ce que nous faisons / comprenons et rejeter ce que nous ne faisons / comprenons pas.

Ce que nous faisons déjà est facile à répéter. Cela nécessite moins d'énergie à être réalisé que ce que nous devons apprendre.

Ce que nous croyons déjà est facile à interpréter. Cela nécessite moins d'énergie à être utilisé qu'une nouvelle information.

3. Parce que nous sommes dans un monde sur connecté qui favorise l'infobésité, notre esprit est confronté à une quantité d'information phénoménale qu'il ne peut gérer.

Et plutôt que d'élaborer une stratégie pour identifier, capturer et traiter une nouvelle information, il favorise la loi du moindre effort et renforce ainsi le biais de confirmation. Chacun le fait à sa manière sur ses sujets de prédilection :

  • Une personne qui aime les to-do listes lira des articles sur les to-do listes...
  • Une personne qui s'organise au papier aura tendance à lire des informations qui confirment les avantages du papier sur le numérique... (et vice versa).
  • Une personne qui est contre le réchauffement climatique lira des articles qui "prouvent" que le réchauffement climatique n'existe pas.
  • Une personne qui aime Workflowy lira des articles sur les bénéfices de Workflowy ou des articles qui montrent que Notion est limité.

Un jeu pour comprendre le biais de confirmation

Dans son excellent livre "Stop reading the news" Rolf Doebli partage un jeu pour montrer à quel point notre cerveau saute sur des conclusions...

Si je vous dis "Quel est le prochain numéro de cette suite : 3, 6, 9, 12... ?"

Qu'allez-vous me répondre ?






Si vous êtes comme la plupart des gens, vous allez dire 15.

Vous venez de sauter sur la confirmation inculquée à l'école : le multiple de 3.

Mais 14 ou 103 auraient fait l'affaire. Si vous pensez que la règle est d'ajouter 3... c'est possible.

Mais ce n'est pas nécessairement le cas.

Une autre règle pourrait être : le prochain chiffre doit être plus grand que le précédent.

3, 6, 9, 12, 21, 28, 192

"Ce n'est pas ce que nous ne savons pas qui nous pose des problèmes..."

Disait Mark Twain...

"C'est ce que nous croyons savoir et qui est faux"

Cette citation met bien en évidence la problématique du biais de confirmation.

Ce biais nous enferme dans nos confirmations qui, dans le meilleur des cas ne sont plus adaptées, et dans le pire des cas n'ont jamais été adaptées.

Évidemment, on ne peut pas désactiver de manière totale et permanente ce biais de confirmation et revoir toutes nos opinions.

À travers l'évolution, ceux qui ont survécu ont bénéficié de ce biais, probablement parce qu'il nous permet de prendre des décisions plus rapides.

Mais dans un monde complexe, où la réussite dépend beaucoup de comportements à long terme (plutôt qu'une fuite rapide face à un animal dangereux), réussir à réduire les effets du biais de confirmation est un avantage important.

En réduisant le biais de confirmation, vous pourrez :

  • Réduire l'illusion de la connaissance... qui vous amène à prendre de mauvaises décisions... à vous sentir en sécurité là où vous ne l'êtes pas...
  • Prendre de meilleures décisions... qui, avec la pratique et le journaling, vous aideront à gagner du temps, améliorer votre réputation et éviter les erreurs coûteuses.
  • Mieux comprendre le monde qui vous entoure.

Comment réduire le biais de confirmation ?

Quand vous évaluez vos options, plutôt que de chercher quelle est la bonne ou qui a raison, il est préférable de vous demander :

Qu'est-ce qui doit être vrai pour que cette option soit la bonne? Quelles sont les preuves qui me feraient choisir cette option?

Puis de prendre l'option la moins favorable et de vous demander:

"Quelle information me convaincrait que cette option est la meilleure?"

Vous pouvez utiliser une méthode similaire pour vos opinions actuelles en vous demandant :

"Qu'est-ce qui devrait être vrai pour que mes croyances soient invalidées?"

Par exemple :

Croyance : pour réussir, il faut se lever tôt le matin.

Qu'est-ce qui devrait être vrai pour que cette croyance soit invalidée?

  • Voir des gens qui réussissent en se levant tard.
  • Des recherches qui démontrent que travailler le soir est plus intéressant.
  • Des études qui démontrent que travailler le matin est synonyme d'erreurs plus nombreuses, etc.

Une fois que vous avez ces hypothèses, il faut passer à la recherche (validation / invalidation de ces hypothèses).

Parfois, tester par vous-même est plus rapide que la recherche d'information, surtout si la solution doit uniquement fonctionner pour vous, dans votre contexte unique.

Vous voyez donc que cette recherche nécessite plus d'énergie que de continuer à croire vos opinions actuelles. Chercher à valider ou invalider chaque hypothèse demande du temps et de l'énergie. C'est par souci de simplicité et de cohérence avec nos opinions actuelles qu'on va confondre une hypothèse avec la réalité.

Le biais de confirmation ne va pas uniquement influencer l'information que vous considérez. 

Il va également influencer ce que vous percevez. 

Dans un couple qui bat de l'aile, si l'un des partenaires pense que l'autre est égoïste, il va uniquement percevoir les actions qui renforcent cette idée.

Pour lutter contre cela, il est intéressant d'avoir un journal dans lequel on va chercher les informations opposées à l'égoïsme: l'effet est surprenant.

Dans une étude de Mark Kane Goldstein, 70% des couples qui utilisaient ce genre de journal ont vu une amélioration dans leur couple.

L’œil ne voit que ce que l’esprit est prêt à comprendre. - Henri Bergson

Le biais de confirmation a pour effet de nous faire ignorer des preuves qui peuvent se situer juste sous nos yeux.

Les réseaux sociaux amplifient le biais de confirmation

Les algorithmes des réseaux sociaux, pour vous faire passer un maximum de temps sur leur plateforme, vont vous montrer principalement des informations qui viennent soutenir ce que vous aimez.

Ils mesurent cela en partie en identifiant vos "likes", ce qui vous fait réagir et le temps que vous passez à lire / regarder certains articles.

Je pense que c'est l'un des plus grands dangers des réseaux sociaux : ils vous isolent dans vos croyances actuelles en vous faisant croire que tout le monde pense comme vous. Et chaque groupe de pensée se polarise... C'est peut-être l'effet pervers le plus insidieux.

La question de Charles Darwin pour réduire le biais de confirmation

Pour éviter le biais de confirmation, Charles Darwin recommande, chaque fois qu'une publication vient contredire ses résultats / hypothèses actuelles, de rédiger une note complète présentant le point de vue de la publication contradictoire / concurrente.

Je résume sa démarche à la question suivante :

"Quels sont les faits spécifiques que je devrais découvrir afin de changer de point de vue?"

En prenant le réflexe de se poser cette question, vous n’éviterez pas le biais de confirmation (et tous les autres biais cognitifs découverts et qui restent à découvrir), mais vous réduisez le danger de prendre une décision dangereuse en pensant être en sécurité...

Surtout... de cette manière vous vous exposerez à des solutions, des idées, des méthodes et des pratiques que vous n'auriez pas considérées si vous étiez resté dans le biais de confirmation.

Le biais de confirmation est l'un des biais cognitifs les plus difficiles à comprendre et accepter

Cela va à l'encontre de l'idée que nous sommes des êtres rationnels. Que nous savons. Que nous prenons de bonnes décisions.

Plus vous engagez de ressources et plus le biais de confirmation est fort.

Plus votre identité est attachée aux confirmations actuelles (par exemple, vous travaillez depuis des années dans une industrie qui pollue l'environnement) et plus il sera difficile de sortir de vos confirmations actuelles (le changement de température a toujours existé).

Pourtant, comme disait Aldous Huxley : "Les faits ne cessent pas d'exister au moment où l'on commence à les ignorer."

Prenez avec vous la phrase qui vous aidera à réduire votre biais de confirmation :

"Quels sont les faits spécifiques que je devrais découvrir afin de prendre le point de vue opposé?"

Et essayez de la mettre en pratique dans les jours à venir, lorsqu'une idée a pris possession de vous.


Julien

PS : 

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