Diète Médiatique : 3 raisons d’arrêter les news

Cet article est une traduction du chapitre 99 du livre The art of thinking clearly de Rolf Dobelli. J'en ai profité pour faire une vidéo.

*

Tremblement de terre à Sumatra. Crash d'avion en Russie.

Un homme retient sa fille captive dans une cave pendant trente ans. Heidi Klum se sépare de Seal. Salaires records à la Bank of America.

Attentat au Pakistan.

Démission du président du Mali. Nouveau record du monde au lancer du poids.

Avez-vous vraiment besoin de savoir toutes ces choses ? 

Nous sommes incroyablement bien informés, et pourtant nous savons incroyablement peu de choses.

Pourquoi ?

Parce qu'il y a deux siècles, nous avons inventé une forme de connaissance toxique appelée "news".

Les nouvelles sont à l'esprit ce que le sucre est au corps : appétissantes, faciles à digérer et très destructrices sur le long terme.

Il y a trois ans, j'ai commencé une expérience. 

J'ai arrêté de lire et d'écouter les nouvelles. J'ai annulé tous les abonnements aux journaux et aux magazines. Je me suis débarrassé de la télévision et de la radio. J'ai supprimé les applications d'actualités de mon iPhone.

Je n'ai pas touché un seul journal gratuit et j'ai délibérément détourné le regard lorsque quelqu'un dans l'avion essayait de m'offrir un journal.

Les premières semaines ont été difficiles. Très dures.

J'avais constamment peur de manquer quelque chose.

Mais au bout d'un moment, j'avais une nouvelle vision des choses.

Le résultat après trois ans ? 

Des pensées plus claires, des idées plus riches, de meilleures décisions et beaucoup plus de temps.

Et le meilleur dans tout ça ?

Je n'ai rien manqué d'important.

Mon réseau social - pas Facebook, celui qui existe dans le monde réel, composé d'amis et de connaissances en chair et en os - fonctionne comme un filtre d'informations et me tient au courant.

Il existe une douzaine de raisons d'ignorer les informations.

Voici les trois principales :

Premièrement, nos cerveaux réagissent de manière disproportionnée à différents types d'informations.

Les informations scandaleuses, choquantes, basées sur les personnes, bruyantes et en évolution rapide nous stimulent toutes, alors que les informations abstraites, complexes et non traitées nous endorment.

Note de Julien : Journalistiquement parlant, il est préférable de couvrir une décapitation que le réchauffement climatique. La décapitation se situe à une date et un lieu précis. Il fait bien plus vendre que le climat qui est complexe et difficilement saisissable.

Les producteurs d'informations capitalisent sur ce phénomène.

Des histoires captivantes, des images criantes et des "faits" sensationnels captent notre attention.

Rappelez-vous un instant leurs modèles économiques : les annonceurs achètent de l'espace et financent ainsi le cirque de l'information à condition que leurs publicités soient vues.

Le résultat : Tout ce qui est subtil, complexe, abstrait et profond doit être systématiquement filtré, même si ces histoires sont beaucoup plus pertinentes pour nos vies et notre compréhension du monde.

Et à cause de notre consommation des news, nous nous promenons avec une carte mentale déformée des risques et des menaces auxquels nous sommes réellement confrontés.

Deuxièmement, les informations ne sont pas pertinentes. 

Au cours des douze derniers mois, vous avez probablement consommé environ dix mille extraits de news, peut-être même une trentaine par jour.

Note perso : avec les fils d'actualités... l'infobésité est proche.

Soyez très honnête : citez-en une, une seule, qui vous a aidé à prendre une meilleure décision - pour votre vie, votre carrière ou votre entreprise - que si vous n'aviez pas eu cette information.

Personne à qui j'ai demandé de citer plus de deux nouvelles utiles sur dix mille n'a été capable de le faire. 

Un résultat misérable.

Les organismes de presse affirment que leurs informations vous donnent un avantage concurrentiel.

Trop de gens tombent dans le panneau.

En réalité, la consommation de nouvelles représente un désavantage concurrentiel.

Si les informations aidaient vraiment les gens à progresser, les journalistes seraient au sommet de la pyramide des revenus.

 Ce n'est pas le cas, bien au contraire.

Troisièmement, les informations sont une perte de temps. 

Un être humain moyen gaspille une demi-journée par semaine à lire l'actualité. Au niveau mondial, cela représente une immense perte de productivité.

Prenez les attaques terroristes de 2008 à Mumbai. Par pure soif de reconnaissance, les terroristes ont assassiné deux cents personnes.

Supposons qu'un milliard de personnes aient consacré une heure de leur temps à suivre les conséquences de cet attentat : ils ont visionné les mises à jour minute par minute et écouté le bavardage inepte de quelques "experts" et "commentateurs". Il s'agit d'une "estimation" très réaliste puisque l'Inde compte plus d'un milliard d'habitants.

D'où notre calcul conservateur : Un milliard de personnes multiplié par une heure de distraction équivaut à un milliard d'heures d'arrêt de travail.

 Si nous convertissons ce chiffre, nous apprenons que la consommation de nouvelles a gâché environ deux mille vies, soit dix fois plus que l'attentat.

Une observation sarcastique, mais juste.

Je prédis que tourner le dos aux actualités vous sera aussi bénéfique que de vous débarrasser de n'importe lequel des quatre-vingt-dix-huit autres biais cognitifs que nous avons abordés dans les pages de ce livre.

 Abandonnez cette habitude - complètement.

À la place, lisez de longs articles de fond et des livres.

Oui, rien ne vaut les livres pour comprendre le monde.

  • Bien d’accord avec toi sur le fond ! Depuis que je filtre et réduis l’accès aux infos, j’en ressens les bénéfices. Je ne suis pas parvenu comme toi à l’arrêt total. La désintox est à finir

    Un bémol cependant. Étant militant politique et engagé dans différentes actions à mon échelle, je peux te citer facilement plusieurs informations qui m’ont servies dans mon agenda quotidien.
    Ceci étant dit, et pour aller dans ton sens, il s’agissait généralement d’informations qui ne faisaient pas la “une” mais reléguées au fond des pages économiques et sociales…
    (ce qui aura un impact important sur notre quotidien en terme d’environnement économique et social n’occupe que peu les grands titres qui comme tu le soulignes privilégient le sensationnalisme qui nous impacte au final pas ou très peu dans notre vie de tous les jours).

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