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Souffrez-vous du biais de l’optimisme?

Le biais de l'optimisme fracasse votre organisation et votre estime personnelle. Découvrez 5 pratiques pour le contrecarrer.

Souffrez-vous du biais de l’optimisme?

Vous êtes aussi touché(e) par cette tendance à avoir les yeux plus gros que l'agenda... ?

  • À planifier 12 tâches, 3 rendez-vous, 2 appels... chaque jour... et de voir votre to-do liste s'allonger au fil des heures?
  • De créer un plan d'action en béton, dans le moindre détail, et de vous "réveiller" quelques jours avant la deadline en vous demandant "bordel... qu'est-ce que j'ai foutu?"
  • De régulièrement devoir revoir à la baisse les engagements que vous avez pris... (qui a dit nouvelles résolutions?)
  • De vous dire "cette fois, je publie 1 vidéo par semaine" et de réaliser que vous publiez une vidéo par semaine... la première semaine. Puis... une vidéo par mois...

Détendez-vous, vous n'êtes pas seul(e), la procrastination, l'acrasie, le perfectionnisme, sont tous des mots utilisés pour décrire cette partie de nous qui ne veut pas devenir une meilleure version d'elle-même.

Le point commun de ces phénomènes? Le biais de l'optimisme

  • Le perfectionniste est optimiste dans ses plans (qu'il a mis des mois à créer)... jusqu'à ce que la réalité intervienne...
  • Le procrastinateur est optimiste dans son état interne futur "Demain tout ira mieux tu verras..." Mais demain n'est qu'un éternel recommencement.
  • "L'acrasiste" (j'invente un mot, je suis chez moi après tout) est optimiste dans le déroulement du futur: il se dit que malgré ses comportements actuels de type autosabotage, le futur va bien se passer.

Arrivé à ce stade, j'ai une petite confession à vous faire:

Tout a changé le jour où j'ai cessé de me faire confiance

Et avant de vous offusquer et retourner sur vos vidéos de motivation, laissez-moi m'expliquer: nous avons tous plusieurs personnalités.

Cela va faire suer les psychologues qui me lisent parce que je n'utilise peut-être pas les bons termes.

Mais on a tous, au moins, une partie de nous qui veut profiter du présent et une partie de nous qui veut oeuvrer pour un meilleur futur.

  1. Il y a le moi-présent (celui qui fait)
  2. Et le moi-futur (celui qui parle)

L'action de planifier (se fixer des objectifs par exemple, ou de travailler sur un plan d'action) est l'oeuvre du moi-futur, cette partie de nous qui veut un meilleur futur.

Au moment d'agir, c'est le moi-présent qui est aux commandes.

Et le problème? Vous l'avez peut-être deviné.

Il est difficile d'agir selon nos plans

Ce n'est pas mauvais en soi, on a tous des imprévus, des activités que l'on aime bien faire même si on sait que cela ne nous fait pas avancer... on a tous des insomnies et des moments dans notre vie (plus ou moins long) où l'on est en K.O technique, position du foetus dans notre lit à regarder des séries Netflix.

(Même si je dois admettre que j'ai bien réduit le nombre de KO technique depuis que je ne bois plus).

Ce qui est dommage?

  • Ignorez ces deux parties de nous.
  • Ignorer le biais de l'optimisme.

Et surtout... continuer de se faire confiance dans sa capacité à planifier correctement.

Cela ne va pas plaire aux fana de la pensée positive, mais depuis que j'ai cessé de faire confiance dans ma capacité à planifier, je réalise bien plus, et paradoxalement, j'ai bien plus confiance en moi.

À quoi cela ressemble concrètement? Voici un dialogue interne.

Donc depuis des années, je me fixe 3 objectifs par semaine...
Et j'en réalise souvent bien plus.

Mais il est difficile de se duper de la sorte.
Comment m'y suis-je pris?

C'est ce que vous découvrirez dans la suite de cet article... mon but? Vous aider à réduire l'espace qui se trouve entre vos plans et la réalité.

(vous verrez, c'est assez facile)

Et tout commence avec cette question:

Avez-vous considéré votre énergie?

Quand je parle d'énergie, la plupart pensent au café que l'on boit ou à une énergie divine offerte par un dieu quelconque.

Alors qu'en fait, quand je parle d'énergie, je pense à l'énergie nécessaire pour notre corps de fonctionner correctement... Celui-ci a besoin de 2300 calories (environ) par jour pour fonctionner.

On les obtient en dormant, en mangeant et en buvant de l'eau.

  • Dormir nécessite... un lit... certes, mais surtout du temps. 8h pour être précis. Vous pouvez tourner avec moins, mais à terme vous ne serez pas beau à voir.
  • Manger nécessite... du temps... mais aussi de l'argent... (et gagner de l'argent nécessite aussi du temps).

Donc on prend la calculatrice (je suis mauvais en calcul) et on soustrait de nos journées (24h)...

- 8 heures pour dormir
- 3 heures pour manger
- 1 heure pour se laver
- 8 heures de taf

Ce qui nous fait 20 heures.

Pour avoir l'énergie requise pour fonctionner normalement, vous avez besoin, grosso modo de 20 heures de temps (+ un ou deux cafés, je conçois).

Ce qui vous laisse 4 heures de temps par jour pour ce qui n'est pas nécessaire à votre fonctionnement.

1 heure pour votre couple, vos amis (Le temps et les ennuis augmentent drastiquement si vous ajoutez une relation extraconjugale)

2 heure pour profiter de la vie et faire plaisir au Moi-Présent (si vous ne vous faites pas plaisir... vous allez devenir une personne frustrée et tôt ou tard le moi-présent ne va plus vous écouter).Il nous reste...

1h.
Alors toujours autant optimiste?

Comment? Ah... vous avez des enfants? Alors là...

Mais ce n'est que le début de votre découverte... parce que ce qui vient est encore plus dérangeant...

Les objectifs créent les attentes

J'ai récemment tourné une vidéo dans laquelle j'explique les enseignements que j'ai tirés des années d'utilisation des objectifs SMART.

Dans cette vidéo, une partie va vous aider à mieux comprendre l'effet pervers de l'optimisme sur vos résultats.

Imaginez Sylvie et Marc

Chacun marié depuis un moment... qui se voient quelques fois par mois dans le cadre de leur relation extra conjugale.

Après leur petite partie de jambe en l'air... Sylvie regarde Marc et lui dit:

Les dès sont jetés.

4 mois plus tard, Sylvie et Marc se retrouvent... pour l'heure de vérité. Tous les deux ont perdu le même nombre de kilos.

4 kilos.

Maintenant, à votre avis...

  • Comment va se sentir Marc qui a fait moins que son objectif de 6 kilos?
  • Comment va se sentir Sylvie qui a fait mieux que son objectif de 2 kilos?

Maintenant cela ne veut pas dire que Marc va baisser les bras... et que Sylvie va maintenir son poids. Mais les risques que Marc sorte le fouet de l'autoflagellation sont plutôt élevés...

Et qui va-t-il autoflagellé?

Vous l'avez deviné....

Mais non pas Sylvie!

Il va autoflageller son Moi-Présent.

  • Moi-Futur: "Tu n'es nul... tu n'arrives à rien..."
  • Moi-Présent: Si c'est comme ça...

Et vous rentrez dans un cercle vicieux qui détourne les bénéfices de travailler par objectif.

Vous vous demandez peut-être ce qu'il faut faire pour se libérer du biais de l'optimisme. Parce que même si l'optimisme est bien plus populaire que le pessimisme, il faut l'admettre... l'optimisme n'est pas synonyme de réalisme.

Et si chaque fois que vous planifiez, vous êtes trop optimisme, à terme, c'est votre estime personnelle qui ramasse.

Je vous donne maintenant mes bonnes pratiques pour inverser le piège du biais de l'optimisme.

5 moyens de contrecarrer le biais de l'optimisme

C'est marrant parce que le biais de l'optimisme nous touche tous. Moi le premier.

Ce qui est moins marrant, c'est quand les gens tombent continuellement dans le biais de l'optimisme.

  • Certains se diront que demain tout ira mieux... sans changer de comportement aujourd'hui.
  • Certains, chaque année, vont se fixer de bonnes résolutions et vont laisser tomber celles-ci après quelque temps...
  • D'autres se fixeront beaucoup d'objectifs semaines après semaine (en espérant les atteindre... comme par magie... ou par peur de ne pas savoir quoi faire s'ils se retrouvent avec du temps libre).

Ce n'est pas facile d'identifier les biais cognitifs.

Même une personne qui connait les biais cognitifs est soumise à ceux-ci. On peut uniquement réduire leur emprise... C'est le cas du biais du survivant, le biais de confirmation et j'en passe.

Dans le cas du biais de l'optimisme, le truc est de réaliser le plus rapidement possible qu'on est mauvais à planifier avec réalisme. Même quand on est un professionnel. Il y a cas se souvenir du chantier de l'aéroport de Berlin.

L'aéroport international de Berlin (BER)

La bonne nouvelle?

Quand le déclic arrive, quand on se dit "bordel, je ne peux pas me faire confiance pour prédire mes comportements futurs", on arrête de faire le malin en parlant, et on se met à exécuter comme un bon japonais derrière sa chaîne de montage Toyota. Et ensuite les résultats parlent pour nous, ce qui, il faut l'admettre, est quand même plus sympa.

Voici comment 5 options pour réduire le biais de l'optimisme...

1. Mesurer où passe votre temps

"Si je sais où tu dépenses ton temps, alors je sais ce qu'il adviendra de toi". - Goethe

Une bonne manière est de mesurer où passe votre temps, simplement pour réaliser que le petit calcul que j'ai fait au début de cet article, ce n'est pas des conneries. Certes les chiffres vont varier, mais le 80% de votre temps est utilisé pour obtenir votre source d'énergie.Si vous ne voulez pas mesurer manuellement où passe votre temps (ce que je comprends) vous pouvez utiliser ce logiciel.

2. Le Journaling

L'intérêt du journaling c'est que... petit à petit... vous pourrez identifier que vous êtes toujours trop optimiste.

L'intérêt c'est également d'identifier les problèmes récurrents qui vous plombent la vie. Sans écrire ce qui vous arrive au quotidien, vous ne pourrez pas vous en apercevoir.

Je veux dire, je ne sais pas ce que j'ai mangé il y a 3 jours... comment puis-je espérer me souvenir des objectifs que je suis fixé il y a 4 semaines?

Si au moment de lire cet article vous ne faites pas de journaling... et que vous souhaitez vous améliorer, alors lisez cet article sur le journaling (Non, ce n'est pas que réservé aux ados).

3. La session de supervision

L'intérêt est simple: vous vous engagez à envers une personne que vous. Parce qu'il est facile de vous désengager quand vous êtes seul dans votre tête (façon de parler, car vous n'êtes jamais seul), mais quand vous partagez vos objectifs avec un autre humain, se désengager coûte plus cher.

L'autre va vous juger... et en tant qu'animaux sociaux, c'est plus fort que nous, on veut être bien perçu. Surtout si on estime la personne avec qui on fait nos sessions de supervisions.

Au moment d'écrire cet article, j'ai 3 rendez-vous hebdomadaires pour faire une session de supervision. Et les échanges sont très intéressants. Autant sur la connaissance que j'ai de moi, que des effets sur mes résultats.

J'ai partagé ici un modèle de supervision que vous pouvez suivre à la lettre.

Et surtout... souvenez-vous que le biais de l'optimisme réduit vos chances de réussite, et moleste votre estime personnelle.

4. Trouver le point de référence

Fondamentalement, vu que nous sommes mauvais à prédire nos comportements, le meilleur indicateur (qui n'est pas pour autant fiable à 100%) est... nos comportements passés.

Et cela vaut aussi pour les autres. Parce que le statu quo nécessite moins d'énergie que le changement, prenez les comportements d'une personne, et vous pouvez imaginer que cette personne va continuer ainsi.

Pour vous, le travail réalisé sur la mesure de votre utilisation de votre temps, votre journaling et vos sessions de supervision vont vous permettre d'établir un point de référence qui se base par sur l'optimisme du Moi-Futur, mais sur vos actions passées.

Après quelque temps vous réaliserez peut-être que vous tournez toujours autant de 2-3 objectifs par semaine.

  • Vous réaliserez en vous écrivez 1 article tous les 3 jours.
  • Ou 1000 mots par jour.
  • Vous réaliserez que vous avez besoin de XX heures pour terminer cette tâche récurrente.

Utilisez ces points de référence pour planifier dans le futur. Cela ne vaut pas dire que vous ne pouvez pas faire pire ou mieux... mais cela signifie que vous réduisez le biais de l'optimisme.

5. La boule de Cristal

Dans son livre Source of Power, Gary Klein donne un bon exercice. Celui de la boule de cristal.

Imaginez que vous vous trouvez au moment de l'échéance. Le moment où vous devez avoir réalisé votre objectif...

Et vous réalisez que vous n'avez réussi à tenir votre engagement. En gros, la situation a complètement foiré.

Vous y êtes?Parfait.

Maintenant, listez tous les événements qui peuvent avoir provoqué ce retard.

Vous avez la liste?Bien.

Maintenant replanifiez vos objectifs, vos tâches, votre tableau kanban, votre semaine, avec votre liste en tête.

Vous avez 5 pratiques à disposition pour réduire le biais de l'optimisme:

1. Mesurez votre temps

2. Faites du journaling

3. Effectuez des sessions de supervisions.

4. Trouvez vos points de références

5. Utilisez la boule de cristal.

Trouvez ce qui fonctionne le mieux pour vous.

Julien