Savoir dire non au travail : 5 pratiques testées (des années)

Savoir que chaque oui équivaut à un non n'est pas toujours suffisant pour savoir dire non. Parfois, nous sommes dépendants à une situation : famille à nourrir, dettes, inflation du style de vie en cours depuis plusieurs années... et dire non à son client principal ou son patron devient difficile.

Ou alors, nous ignorons le mal causé par tous ces petits oui.

Par exemple, chaque fois que vous dites oui à une nouvelle tâche en lien avec un projet en cours, alors que celle-ci n'avait pas été planifiée au démarrage du projet, vous faites grossir votre périmètre de projet...

Répétez ce petit manège pour vos différents projets, ajoutez-y quelques imprévus, comme la gueule de bois de Kevin qui n'est pas disponible dans un projet et vous fait prendre un retard monstre... sans oublier une grippe qui vous cloue au lit durant 2 semaines... et vous voici enchaîné aux urgences qui vous tombent sur le coin de la gueule.

Comme me le disait récemment Elsa, je n'ai rien vu venir, je ne sais pas quand la situation a basculé... un peu comme la grenouille dans la casserole.


Cette dynamique est observable dans d'autres domaines : il y a deux types de changement, évolutif, et rupture. 

Progressif : j'enlève petit à petit le sparadrap...
Rupture : j'enlève d'un coup le sparadrap...

En théorie, les deux changements sont clairement délimités. En pratique, un changement peut commencer de manière progressive (en bien comme en mal) et passer un certain seuil, la rupture a lieu.

C'est le cas de notre santé qui se détériore petit à petit (sous le joug de nos mauvaises habitudes) et d'un coup ? BIM. Arrêt cardiaque : le système ne tient plus, il lâche.

Un parallèle peut être tiré avec l'énergie d'activation : l'énergie requise pour démarrer une réaction.

De 0 à 99°C mon eau frémit... à 100°C elle change d'état et se met à bouillir (la grenouille pour le coup).

J'aime bien voir notre quotidien de la même manière : on dit oui, on ajoute des tâches, on fait grossir nos périmètres de projet... et d'un coup, on est sous l'eau.

On dort mal, ce qui accentue notre stress, nos problèmes de concentration, les erreurs que l'on commet (qui coûtent à être justifiée et réparée)... et on prend encore plus de retard. Nous voici dans la merde.

Que faire pour éviter la situation ?

Je pense qu'une révision hebdomadaire (je les appelle des révisions anti-chaos) est un bon point pour mieux percevoir notre chute et arrêter celle-ci quand il est encore temps (c'est-à-dire, lorsque nous sommes dans une chute progressive)...

Le journaling est aussi une bonne pratique. Car comme disait le philosophe, psychologue et éducateur Américain John Dewey "Nous n'apprenons pas de notre expérience, mais nous apprenons de notre réflexion sur notre expérience".

Mais savoir dire non au travail (et dans la vie) remporte la palme d'or

Commençons par la partie que je trouve la plus évidente : savoir non aux autres.

Les gens qui n'arrivent pas à dire non aux autres ont toujours un problème d'organisation. Car ils sacrifient leur bien-être en faisant passer les urgences et intérêts des autres avant les leurs. Sans surprise, ces personnes sont malheureuses et rarement efficaces.

Si vous êtes dans cette situation et que vous voulez changer, je dois vous prévenir : vous aurez de la résistance de votre entourage, qui profite de la situation depuis des mois, voire des années.

Eh quoi !

C'est bien pratique d'avoir une personne qui dit oui à tout et qui nous aide à combler notre manque d'anticipation et d'organisation. Si vous changez vos comportements, ceux qui bénéficiaient de votre incapacité à dire non vont vous faire au mieux des remarques, au pire vont tenter d'effectuer une certaine pression sur vous... (d'où l'importance de mon dernier conseil, le meilleur, pour réussir à dire non...). J'en parle plus loin.

5 recommandations pour savoir dire non aux autres

Dire non, c'est accepter de troquer de la popularité sur le court terme, pour du respect sur le long terme. - Greg Mckeown

 Voici des recommandations pour dire non plus facilement

1. Durant une semaine, ne dites plus jamais oui sur le champ

Pour espérer mettre en place les prochains conseils, durant une semaine, ne dites plus jamais OUI sur le champ. Vous pouvez utiliser l'implémentation d'intention pour vous aider à vous retenir de dire oui.

Dites : merci d'avoir pensé à moi, je vais réfléchir à votre proposition et vous redire.

En revanche, si vous savez déjà que la réponse est non, dites non immédiatement.

2. Chaque oui équivaut à un non

Lorsque vous réfléchirez, demandez-vous : combien de temps est-ce que cela va me prendre de réaliser cette tâche, et qu'est-ce que je ne vais pas faire à la place ?

Cela peut être du temps de repos, temps en famille, temps de jeu, un autre projet qui prend du retard, et j'en passe.

3. Que vais-je enlever dans ma journée de demain pour réaliser l'engagement que je prends en disant "oui"?

Pourquoi la journée de demain si l'engagement est pour dans 2 mois ? Parce que nous pensons - en voyant notre agenda vide dans 2 mois - qu'entre aujourd'hui et l'échéance en question, il y aura beaucoup de temps disponible... mais on n'inscrit rarement dans notre agenda tout ce que l'on fait faire dans nos journées.

Ainsi une bonne heuristique (règle du pouce) pour savoir à quel point vos journées seront remplies est de regarder le jour suivant. Si le lendemain est plein à craquer... dans deux mois, ce sera similaire et je ne prendrais pas ce nouvel engagement.

4. Négociez

Si la personne qui vous demande quelque chose est votre boss ou un client important, dire non peut mal passer. L'idée est donc de dire non sans dire non.

Pour cela, la négociation est importante. Il faut encore savoir sur quels éléments négocier. Ce qui m'a beaucoup aidé est le triangle QCD qui me fait réaliser que chaque projet, chaque tâche est composée de 3 éléments (j'en parle ici) et donc je vais tenter de trouver l'élément sur lequel négocier.

Un autre moyen qui a bien fonctionné pour moi quand j'étais salarié est de demander à mon boss ce qu'il souhaite que je mette sur pause pour pouvoir avancer sur cette nouvelle tâche / projet.

Il reste dans la position du décideur, mais il est placé face à la réalité de la vie : nous avons tous des limites.

5. Augmenter votre indépendance

Le meilleur esclave est une personne que vous surpayez, qui le sait et qui est terrifiée de perdre son statut. - Nassim Nicholas Taleb

Si malgré ces recommandations vous n'arrivez toujours par à dire non, vous êtes (ou vous croyez être) dépendant de la personne qui vous demande quelque chose.

Cela peut être une dépendance affective (peur de se retrouver seul), une dépendance financière (peur de perdre vos revenus) ou probablement un autre type de dépendance (mais je ne suis pas psy).

L'idée est d'investir le peu de ressources qu'il vous reste pour augmenter votre dépendance. D'ici, je vois 4 domaines qui peuvent vous offrir plus de dépendance.

  • Arrêter les addictions ou ce qui risque de devenir une addiction (alcool, clope, anxiolytique, etc) afin de regagner votre indépendance mentale.
  • Réduire les coûts de votre style de vie afin d'avoir une plus grande marge de sécurité financière.
  • Développer votre réseau professionnel et vos compétences
  • Développer une nouvelle source de revenus (créer un petit business en parallèle de votre job, ou un nouveau business si vous en avez déjà un).

Savoir dire non à ses désirs

Voici la partie la plus intéressante. Fondamentalement, le problème de "savoir dire non aux autres" peut se résoudre rapidement (les gens respectent ceux qui savent dire non, car eux-mêmes éprouvent des difficultés à prononcer ce petit mot).

Mais savoir se dire non ? Là l'exercice nécessite un peu plus de doigté. Voici ce qui m'a le plus aidé.

1. Comprendre le phénomène d'adaptation hédonique

Souvent, nous disons oui à beaucoup de projets, car nous avons peur de manquer une opportunité, ou alors, nous voulons plus : plus d'expériences, plus d'amis, plus d'argent, plus.

On pense qu'ajouter de l'argent, des amis, des expériences améliorera notre satisfaction personnelle. Et bien que cela soit le cas sur le court terme, sur le long terme, l'effet dure rarement. En revanche, le coût (parfois caché) de ses engagements ne disparaît pas.

Exemple : je prends un crédit pour pouvoir montrer que j'ai de l'argent en conduisant une Porsche, le plaisir va durer quelque temps... mais mon organisme s'adapte à ce nouveau standard et bientôt je verrai ce que je n'ai pas (la lamborghini), mais le coût du crédit reste.

Que dois-je faire pour pouvoir honorer mon contrat ? Travailler plus ? Trouver plus de clients ?

Est-ce que je suis en train de dire que peu importe nos décisions, notre satisfaction générale ne va pas s'améliorer ? Non. Je pense qu'il est possible d'améliorer notre satisfaction générale quand on se concentre à améliorer des éléments que l'argent ne peut acheter.

  • La relation avec mes proches
  • Ma santé physique et mentale
  • Mon sommeil

Comment améliorer sur le court terme ma satisfaction sans tomber dans le piège du "faire plus" ?

En cherchant délibérément l'inconfort. L'eau est la meilleure boisson quand on a soif. Un bouillon est succulent après 1 jour de jeûne. Ma douche chaude est merveilleuse après un bain froid.

2. Observer ce qui ne se voit pas

Nous avons cette tendance à nous comparer à ce qui est le plus accessible. En gros, on se compare à ce qui vient rapidement à l'esprit ou à ce qui se voit.
Je compare ma Toyota à la lambo de mon voisin.

Mais qu'est-ce qui est moins accessible ? Ce qu'il épargne à la fin du mois (par exemple). Le stress engendré par ce style de vie (et la détérioration de sa vie de couple).

Quand je vois un type qui se pavane sur les réseaux sociaux, je me demande toujours ce qu'il ne montre pas. Se brancher mentalement sur ce qui ne se voit pas (et sur ce qui aurait pu se passer et qui ne s'est pas produit) est un exercice mental intéressant qui permet de réduire ce biais de disponibilité, le biais du survivant et mettre le frein sur toujours plus.

3. Lire du stoïcisme

Le stoïcisme m'a aidé à mieux gérer les doutes, l'impermanence du monde et je trouve fascinant de voir à quel point les textes de Sénèque (par exemple) sont criants de réalisme, même en 2023, lorsqu'il décrit le vice et la déchéance de ses confrères romains.

Nous n'avons pas évolué et beaucoup de oui (que l'on regrette ou qui nous mettent dans la difficulté) pourraient être évités en réalisant que la satisfaction personnelle est un concept relatif qui est plus facilement atteint en se plaçant dans le bon environnement et en changeant nos jugements.

Si vous ne connaissez pas encore le stoïcisme, un article est disponible ici.

Julien

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