Prise de décision: 12 questions pour éviter les choix regrettables

Que sommes-nous si ce n'est le résultat de nos efforts, de notre prise de décision et d'un peu de chance?

Jour après jour, nous prenons des centaines, voire des milliers de décisions qui façonnent notre vie et notre quotidien.

  • Le choix de votre alimentation influencera votre niveau d'énergie... votre performance cognitive, physique...
  • Le choix des gens que vous côtoyez influencera ce à quoi vous vous comparez... ce que vous évaluez comme important... et votre niveau de bonheur...
  • Votre choix d'étude ou de métier vous donnera plus ou moins de travail pour les années à venir...
  • Et les choix cornéliens auxquels nous sommes tous, tôt ou tard, confrontés changeront à jamais le cours de votre vie.
  • Sans aller si loin, les choix que vous prenez tous les jours sur votre manière de vous organiser (ou non) impacteront votre satisfaction... les résultats que vous obtenez... et la réputation que les gens ont de vous.
prise de décision

Fait intriguant, certaines personnes semblent souvent prendre les bonnes décisions... elles sont "chanceuses" alors que d'autres semblent constamment attirer la poisse et prendre les mauvais choix...

Et si la chance et la malchance n'avaient pas autant de poids que ce qu'il parait? Et si la prise de décision n'était pas une succession d'événements spontanés qui se présentent à nous au fil des semaines?

Et si on pouvait apprendre à prendre des décisions intelligentes comme on apprend à faire du vélo?

  • Qu'est-ce que cela changerait dans votre vie de ne plus avoir des doutes constants face aux options à portée de main?
  • Qu'est-ce que cela changerait de ne pas être rongé par le regret de ne pas avoir, peut-être, pris le bon choix?
  • Qu'est-ce que cela ferait de savoir que vous avez pris la meilleure option (ou la moins pire de toutes)?

Nous sommes nos décisions et nos indécisions.

J'ai décidé d'attendre quelques années avant d'aborder la prise de décision sur Organisologie.com.

Pas que je n'aime pas le sujet. Oh non.

Mais parce que durant ces années, j'utilisais un journal de décision et je me documentais (puis pratiquais) sur le sujet.

Désormais, et dans les semaines à venir, je vais partager avec vous des conseils vous permettant de prendre de meilleures décisions et donc... d'établir des stratégies adaptées à votre environnement.

La stratégie organisationnelle est le deuxième niveau de la pyramide de l'Organisologie. Cliquez ici pour découvrir les 3 autres niveaux.

Et pas besoin d'avoir à créer un plan d'action ou mettre sur pied une stratégie pour vous business pour profiter de ce qui suit... car si vous lisez ces mots, vous ne pouvez pas ne pas prendre de décision.

Alors, autant s'y mettre en améliorant aujourd'hui même votre prise de décision.

Dans la suite de ce guide, vous découvrirez les 6 pièges cachés de la prise de décision... suivie d'une série de 12 questions pour prendre de meilleures décisions ou éviter les mauvaises décisions... 

Et à la fin de ce guide, vous pourrez télécharger gratuitement le modèle de mon journal de décision.

Le contenu qui suit s'inspire du livre "On Making Smart Decisions" et "Sources of Power" de Gary Klein. Pour la partie pratique et les anecdotes, je me base sur mon expérience de conduites humaines (30 personnes plusieurs mois à 19 ans, 150 personnes à 32 ans). D'autres sources présentent dans le texte seront citées en tant voulu.

Les 6 pièges cachés de la prise de décision

Face à la complexité de notre monde, notre cerveau prend des raccourcis.

biais cognitifs

Comment pourrait-il faire autrement?

Il y a tant d'informations à considérer.

Par exemple, si une personne est sympathique avec nous, on pense que c'est une bonne personne. Dans la plupart des cas, cela fonctionne bien. Sauf pour les pervers narcissiques.

Un autre exemple?

On pense que si un entrepreneur à succès a réussi en suivant une liste de 12 conseils, on réussira également en suivant cette liste de 12 conseils à la lettre.

Alors qu'on oublie que cet entrepreneur a peut-être eu de la chance (et qu'il n'en est pas conscient). C'est ce que l'on appelle le biais du survivant.

Les biais cognitifs sont des raccourcis mentaux que l'on prend pour pouvoir avancer normalement au quotidien. Ils sont le résultat de notre évolution et ils ne sont ni bien ni mal. Ils sont là et il faut composer avec.

Le fait de connaître ses biais cognitifs ne vous permettra pas d'échapper à leur emprise.

Ça non. Ce serait trop facile.

Mais la bonne nouvelle, c'est qu'identifier ceux-ci vous permettra de réduire, dans certaines situations, l'impact qu'ils ont sur vous.

Résultat?

Vos décisions seront petit à petit d'une meilleure qualité et avec elles, les résultats que vous obtenez seront plus alignés avec votre planification initiale.

Comme Wikipédia le montre, des biais cognitifs, il en existe des centaines. Mais ci-dessous, je partage avec vous les biais les plus intéressants à connaître.

1. L'ancrage

Si je vous pose cette question:

  • Est-ce que nous avons eu plus que 10 millions de cas de COVID dans le monde?

Puis...

  • À votre avis, combien de cas de COVID dans le monde avons-nous eus?

Alors le premier chiffre va influencer votre deuxième réponse.

Conséquence? Quand on cherche à prendre une décision, l'esprit attribue une importance disproportionnée à la première information.

La première impression qu'une personne vous fait, le premier chiffre d'un rapport (ou d'un prix), le premier avis... toutes ces informations font office d'ancre.

Et tout sera évalué par rapport à cette première information, qui n'est ni la plus fiable ni la plus réaliste à considérer.

Anecdote perso

Je me souviens de mon professeur de systémique, également consultant, que j'avais appelé pour qu'il intervienne dans une entreprise dans laquelle je travaillais.

Quand j'ai commencé à lui expliquer le problème, il m'a dit "Julien, arrête-toi là. Dis simplement à ton boss (le décideur) de m'appeler pour me parler de la situation".

Il était conscient de ce problème de l'ancrage.

Que faire contre l'ancrage? (cliquez pour ouvrir)

1. Toujours chercher à voir le problème d'une autre perspective (celle des clients, celle du patron, celle du concurrent). Il est intéressant d'utiliser d'autres approches plutôt que de garder la première idée / la première méthode.

2. Réfléchissez au problème tout seul (en écrivant) avant de demander un avis externe. L'avis externe fonctionne comme une ancre.

3. Gardez l'esprit ouvert même si cela menace votre équilibre mental. Cherchez de l'information et des opinions d'une multitude d'acteurs afin d'ouvrir vos perspectives.

4. Faites attention à ne pas créer des ancres chez les gens qui vous demandent des conseils. Ne partagez pas votre point de vue avant que ceux-ci se soient fait une idée de la décision à prendre.

5. Réfléchissez à votre position et vos raisons avant de commencer la négociation.

Dans certaines situations, utilisez l'effet de l'ancre à votre avantage. Par exemple si vous êtes un vendeur, vous pouvez commencer par annoncer un prix plus haut, mais toujours réaliste.

2. Le piège du statu quo

Le piège du statu quo consiste à garder les choses telles qu'elles sont ou à changer le moins possible.

Et cela rejoint la loi du moindre effort. Choisir, décider, c'est prendre des risques. Cela demande un effort. Alors que le statu quo beaucoup moins (à priori).

Mais les personnes qui tombent dans le piège du statu quo ne regardent pas suffisamment ce qui n'est pas visible: quand on ne prend pas de décision, quand on privilégie le statu quo, on prend aussi des risques.

  • Des risques de passer à côté d'une opportunité. 
  • Des risques d'avoir plus de ressources pour faire mieux ce que l'on décide de faire.

Prenons l'exemple d'une personne qui a peur de quitter son conjoint... parce que cela fait des années qu'ils sont ensemble... parce que "toutes ses années pour rien... ce n’est pas possible"...

Cette personne en restant dans la même situation prend le risque de passer à côté d'une vie avec plus de temps libre pour prendre soin de soi... une vie avec un partenaire plus adéquat à ses valeurs actuelles... et j'en passe.

Deux mots sur cet exemple du statu quo qui me tient à coeur:

  1. Si les gens ne changent pas, c'est qu'ils ne souffrent pas suffisamment.
  2. Les gens préfèrent être dans une situation merdique, mais connue, que dans une situation hypothétiquement meilleure, mais inconnue.

Un autre point à garder à l'esprit quand on aborde le biais du statu quo, c'est l'aspect grégaire de l'humain: on préfère se tromper en groupe que d'avoir raison seul.

C'est paradoxal, sauf si on se rappelle que d'avoir raison seul augmente les probabilités de se faire rejeter d'un groupe.

Ne pas suivre le choix du statu quo c'est prendre le risque de se tromper, de subir des critiques et d'avoir des regrets. Donc on cherche des raisons de ne rien faire.

Plus vous avez de choix, plus le statu quo est attirant (car plus la prise de décision est difficile). C'est ce que Barry Schwartz appelle le paradoxe du choix

Que faire contre le piège du statu quo? (cliquez pour ouvrir)

1. Premièrement, se souvenir que le statu quo est une décision qui comporte aussi des risques. Surtout dans un environnement en perpétuel mouvement.

2. Toujours se souvenir de vos objectifs et voir à quel point le statu quo sert ou dessert l'objectif du momentVous vous rendrez peut-être compte que le statu quo vous empêche d'avancer.

3. Ne jamais considérer le statu quo comme la seule alternative. Vous avez toujours le choix, mais chaque choix comporte un prix à payer.

4. Demandez-vous quelle alternative vous décideriez de prendre si le statu quo n'était pas une option?

5. Évitez d'exagérer l'effort ou le coût impliqué dans le non statu-quo.

6. Souvenez-vous que le statu quo désiré changera avec le temps. Projetez-vous dans le futur.

7. Si vous avez plusieurs alternatives bien meilleures que le statu quo et que vous êtes est paralysé par le choix, forcez-vous littéralement de choisir.

3. Le piège de l'engagement

Si vous vous êtes déjà trouvé à justifier une relation existante à cause du temps investi dans celle-ci... alors vous êtes dans le piège de l'engagement.

Si vous vous êtes déjà retrouvé à attendre un taxi qui ne venait pas... bien plus longtemps que ce que vous pensiez attendre... alors vous êtes toujours dans le piège de l'engagement.

La théorie de l'engagement stipule que plus on investit des ressources dans un choix, plus il est difficile de se désengager de ce choix.


Même si nos choix passés s'avèrent faux.

Vous pouvez voir ce piège à l'oeuvre quand une idée de business ne fonctionne pas... et que son fondateur insiste en cherchant encore plus d'investisseurs.

Ou un manager va refuser de licencier une personne incompétente parce que cela exposerait son erreur initiale (et cela voudrait dire qu'il s'est trompé). Plus le temps passe, plus changer de position s'avère compliquée.

Plus le temps passe, plus d'autres biais entre en jeu. Plus le temps passe, plus il est facile de se duper.

Pourquoi ce biais existe?

Car la plupart des gens ne veulent pas admettre leurs erreurs.

Un point important à garder à l'esprit est que dans un monde complexe, même les bonnes décisions peuvent amener de mauvais résultats.

Une autre variante de la théorie de l'engagement?

Des montagnards n'écoutent plus les signes avant-coureurs qui précèdent une catastrophe parce qu'ils sont tellement identifiés à un objectif de performance qu'ils n'arrivent plus à se désengager.

Que faire pour éviter le piège de l'engagement? (cliquez pour ouvrir)

1. Écouter attentivement les gens qui n'étaient pas là lorsque les décisions initiales ont été prises.

2. Analysez pourquoi admettre une précédente erreur vous stresse et travaillez sur ce point. 

Au besoin, augmentez votre autonomie et en réduisez votre dépendance avec votre milieu actuel.

3. Surveillez ce piège chez les gens autour de vous. Si nécessaire redistribuez les responsabilités.

4. Ne cultivez pas une culture de la peur. Quand vous félicitez les gens pour leur prise de décision en prenant en considération l'information qu'ils avaient au moment de la décision, et ne basez pas uniquement votre reconnaissance sur les résultats (qui peuvent être de la chance).

Souvenez-vous de ce que disait Warren Buffet: quand vous êtes au fond d'un trou, la meilleure chose à faire est d'arrêter de creuser".

4. Le biais de confirmation

biais de confirmation

Quand Daniel Kahneman dit que notre cerveau est une machine à sauter sur les conclusions, il sait de quoi il parle. Surtout, il fait allusion au biais de confirmation qui est probablement l'un des pièges mentaux les plus difficiles à éviter.

Ce biais cognitif nous incite à prioriser les informations qui viennent étayer notre point de vue / nos croyances existantes et à rejeter (plus ou moins vigoureusement) ce qui menace notre équilibre mental actuel.

Les réseaux sociaux ne nous aident pas à nous débarrasser de ce biais, car les algorithmes nous proposent ce qui est susceptible de nous plaire. Ainsi, avec le temps, nous sommes dans une bulle qui confirme nos hypothèses existantes.

Et il devient de plus en plus difficile de comprendre les différences des autres.

Si vous comprenez les notions élémentaires de l'approche systémique, vous comprenez qu'il est normal de lutter contre les informations qui rejettent nos points de vue actuels.

Pourquoi ce biais existe?

  1. Nous avons tendance à décider inconsciemment avant de choisir consciemment.
  2. Nous avons tendance à aimer ce que nous faisons déjà, ce que nous comprenons, et rejeter ce que nous n'aimons pas / ne faisons pas.

Que faire contre le biais de confirmation? (cliquez pour ouvrir)

1. S'assurer de prendre en considération toutes les évidences disponibles avec la même rigueur. Éviter de considérer une information sans questionner celle-ci.

2. Demander à une personne que l'on respecte de jouer l'avocat du diable. Mieux encore: construire les contre-arguments soi-même: quelle est la plus forte raison de faire différemment? La deuxième raison? La troisième? En considérant les options avec un esprit ouvert. Vous pouvez également vous demander ce qu'il faut faire pour voir le problème continuer...

En demandant des avis, faire attention aux questions (éviter les questions dirigées qui poussent l'interlocuteur à un choix X).

Le plus important: ne pas vous entourer pas de gens qui disent oui à tout (par peur ou pour faire plaisir).

5. Le piège de l'estimation et de la prévision

Nous estimons régulièrement le temps, la distance, le poids et le volume. C'est parce que cela nous aide à évoluer dans notre quotidien et que le feedback est rapide. Et avec les années, notre esprit se calibre précisément pour évaluer ces éléments.

Mais estimer des événements complexes est beaucoup moins évident. Cela demande beaucoup d'expériences, de données, et cela reste incertain.

Et même quand on fait une estimation qui s'avère être juste... cela ne signifie pas que l'on sait pourquoi cette estimation est juste. Tous les biais vus jusqu'ici vont influencer nos estimations et prévisions... mais en voici d'autres qui sont à l'oeuvre.

Le biais de l'optimisme.

Si un fumeur vous dit que les cancers du poumons arrivent qu'aux autres fumeurs, vous avez un excellent exemple du biais de l'optimisme.

Vous êtes soumis au biais de l'optimisme si vous pensez que vous n'aurez pas de problème ou si vous arriverez à un résultat facilement et rapidement. 

Daniel Kahneman, encore lui, parle de "Planning fallacy" touchant même ceux qui passent leur temps à planifier. Comme les chefs de projets...

Pour réduire le biais de l'optimisme, le triangle QCD peut vous aider.

Le piège de la prudence.

Être trop prudent nous incite à prendre des marges, des réserves qui épuisent nos ressources. Être trop prudent est parfois autant dangereux que de ne pas l'être suffisamment.

Le piège de l'information frappante

Nous surévaluons les probabilités d'un événement marquant (de se produire à nouveau).

Cette expérience le montre:

Des participants étaient exposés à une série de photo d'hommes et de femmes.


Dans le premier groupe de photos, les hommes étaient des personnalités connues. Dans le deuxième groupe, les personnalités connues étaient des femmes.


La question qui était posée aux participants était la suivante: avez-vous vu plus d'hommes ou de femmes?


Les participants pensaient qu'il y avait plus d'hommes dans le premier groupe et plus de femmes dans le deuxième groupe... alors qu'en réalité, il y avait autant d'hommes que de femmes dans les deux groupes.

Que faire contre ces pièges? (cliquez pour ouvrir)

1. Pour le piège de l'optimisme, toujours commencez par observer les extrêmes avant de faire une estimation initiale. Puis défiez les extrêmes: qu'est-ce qui ferait descendre ou monter les extrêmes? Défiez les estimations de vos collaborateurs.

2. Pour réduire le piège de la prudence, expliquez vos estimations à une personne en ne lui disant pas qu'il y a une marge de sécurité... et regardez sa réaction. Demandez des avis aux gens qui sont concernés par vos estimations.

3. Pour minimiser le piège de la distorsion provoquée par l'information frappante... examinez attentivement vos hypothèses. Utilisez des chiffres quand c'est possible.

6. L'absence de preuve n'est pas la preuve d'absence

Nous avons de la peine à percevoir ce qui n'est pas visible (absence blindness). Comme disait Nassim Taleb, l’absence de preuve n’est pas une preuve d’absence. Par exemple, ce n'est pas parce que mes clients ne se plaignent pas que je n'ai pas de clients mécontents.

Que faire contre ce biais? Apprenez à observer ce qui ne ce voit pas et à voir l'information opposée.

Que faire pour améliorer votre prise de décision?

Avant de lister les 12 points recommandés par Daniel Kahneman pour améliorer vos décisions, je tiens à partager 2 points qui m'ont beaucoup aidé à gérer les mauvaises décisions que je prenais.

Car de mauvaises décisions, vous allez en prendre. Plus tôt cette idée est acceptée, plus tôt celle-ci libère.

Ainsi l'idée n'est pas uniquement de réduire le nombre de mauvaises décisions que vous prenez, mais également l'effet des mauvaises décisions sur votre vie.

1. Gardez des options ouvertes

L'idée est de pouvoir le plus souvent quitter une situation problématique. En gros, retomber sur vos pattes. Comment faire? Entretenir vos cercles d'amis, de contacts... entretenir vos compétences... et lire les contrats que vous signez, surtout la partie "comment sortir du contrat".

Comme souvent, le piège ici est de garder trop de portes ouvertes. Gardez 2-3 portes ouvertes et souvenez-vous que si vous voulez des garanties dans la vie... optez pour l'achat d'un grille-pain.

2. Identifier et choisir les projets asymétriques positifs.

Les projets asymétriques positifs sont ces projets où vous avez tout à gagner et peu à perdre.

C'est le cas de créer un blog. Si vous vous y prenez bien, vous pourrez apprendre le marketing, l'écriture (ou la vidéo), vous pourrez créer des produits et vous construire un réseau.

Le risque si rien ne fonctionne? Vous aurez appris à écrire, vous aurez appris à vous discipliner... mais vous n'aurez peut-être pas été sélectionné par une maison d'édition.

Les projets asymétriques positifs vous permettent de prendre de mauvaises décisions sans que la casse soi trop grande.

Les projets asymétriques négatifs vous tuent si cela ne fonctionne pas. Et s'ils ne vous tuent pas, ils vous mettent sur la paille ou dans une merde bien profonde.

Par exemple, s'engager à la Légion étrangère est un projet asymétrique négatif. Si tout se passe bien, vous pouvez gagner de l'argent et vous refaire un bon physique. Si tout se passe mal, c'est la fin.

Mais voilà, éviter les projets asymétriques négatifs n'est pas toujours possible. Parfois on veut se battre pour défendre une idée, ses valeurs ou lutter pour une cause (presque perdue) qui nous dépasse... c'est aussi ça, être humain.

Donc... 

Comment éviter les mauvaises décisions un peu plus souvent?

Car c'est surtout le but du jeu: avant de prendre de bonnes décisions... éviter les mauvaises!

Les biais cognitifs (les pièges) se cachent très bien dans notre mode de pensée rapide (Système 1, intuitif, rapide, comme calculer 1 + 1 = 2) et un peu moins bien dans notre monde de pensée délibérée (Système 2, comme remplir une déclaration d'impôts ou faire 34 x 17 = ).

Le but est donc d'utiliser le système 2 dans les situations importantes en s'aidant d'une série de questions. Pour les utilisateurs des listes de contrôle... vous voici servis!

Idéalement, les questions doivent être posées par une personne externe à la situation qui n'a pas d'intérêts dans votre choix).

Pourquoi?

Les biais cognitifs sont une caractéristique de notre mental. Nous sommes incapables de sentir quand nous soumis à un biais et d'identifier les erreurs qui en découlent.

Le fait d'accepter d'avoir des biais ne nous aide pas plus à supprimer ceux-ci. L'idée est de prendre des décisions en suivant un processus.

Le mot à retenir ici est processus. Une décision n'est pas un acte isolé, c'est le résultat d'une série d'actions prises dans un certain ordre.

Et les décisions importantes que vous prenez devraient être faites sur papier... puis classées (perso, je les classe dans mon cerveau numérique) afin de les évaluer quelques mois plus tard.

Éventuellement, après quelques années, vous aurez une meilleure connaissance de vos propres biais cognitifs, car vous réaliserez que vous faites souvent le même type d'erreur.

Une meilleure prise de décision en 12 questions:

Note: j'utilise le terme "système" pour désigner l'organisation (l'entreprise), la personne qui recommande ou le groupe de personnes.

Première étape: se demander à soi-même...

1. Est-ce que le système qui me fait une proposition a des intérêts dans ce choix?

Il est important de passer en revue la proposition et garder en tête le biais de l'optimisme.

Par exemple, si je vous dis "mon produit c'est le meilleur", il est évident que j'ai un intérêt à vous voir acheter mon produit. Dans ce cas, regardez si des garanties sont présentes ou si d'autres personnes ont témoigné.

2. Est-ce que le système est tombé amoureux de la proposition?

Si je vous dis: "Workflowy c'est le meilleur logiciel pour s'organiser de manière rapide, fiable et minimaliste... cela fait des années que je l'utilise." Alors vous pouvez être sûr que je ne suis pas objectif. Je suis même complètement biaisé.

Mais c'est aussi parce que j'y crois que je suis convaincant. Plus une personne est amoureuse de son idée, plus elle peut être convaincante.

3. Est-ce qu'il y avait d'autres avis dans le système?

Si vous êtes dans un groupe de personnes, vous devez faire très attention aux extravertis qui monopolisent la conversation et aux introvertis qui doutent de la valeur de leurs idées.

Instaurez le climat de l'enquêteur plutôt que celui du plaidoyeur. Protégez ceux qui ont le courage de dire ce qu'il pense, même si cela ne fait pas sens. Cela ne fait peut-être pas sens cette fois, mais la prochaine fois ce sera la meilleure idée.

Au besoin, menez des discussions en aparté pour avoir d'autres avis et ralentissez la prise de décision... surtout quand celle-ci est à bout touchant.

Deuxième partie: demander au système

4. Est-ce que le système a été sur influencé par une analogie mémorable / un succès ou échec saillant?

Pour répondre à cette question, demandez plus d'analogies, plus d'exemples et analysez rigoureusement les similitudes de la situation actuelle.

5. Est-ce que d'autres alternatives existent?

Demandez des variantes.

Si vous êtes seul dans le processus de prise de décision, travaillez toujours avec des variantes lorsque vous êtes confronté à des choix cornéliens. Je ne parle pas ici de ce que vous allez regarder ce soir sur Netflix ou des chaussettes que vous allez mettre pour aller bosser.

Je parle ici de...

  • Est-ce que je dois continuer ou renoncer?
  • Est-ce que je dois quitter mon partenaire ou lui laisser une chance?
  • Est-ce que je veux faire un gosse ou non? 

Les variantes vont automatiquement vous forcer à voir les forces et les faiblesses de votre idée initiale.

Cela n'a pas besoin d'être un dossier de plusieurs pages, mais simplement de lister les forces et faiblesses de chaque variante...

6. Si la décision devait être prise dans une année, quelle information aurais-je envie de connaître?

Est-ce que cette information est disponible maintenant?

Dans le même ordre d'idée: si je n'étais pas pressé par le manque de temps / ressources, est-ce que je prendrais la même décision?

7. Est-ce que vous savez d'où viennent les données?

Est-ce qu'il y a...

... des chiffres / data sans fondement?

... des extrapolations historiques?

... une motivation à utiliser une certaine ancre?

8. Est-ce que le système assume qu'une personne / méthode / organisation réussira parce qu'elle a réussi par le passé?

Demander à l'équipe des contre-exemples de la méthode favorite.

Encore une fois, je vous invite à voir le biais du survivant qui est une variante de l'absence de preuve.

9. Est-ce que le système est trop attaché aux précédentes décisions?

Si vous êtes nouveau dans une équipe, faites très attention à ce point. Il est important de ne pas démolir l'équilibre mis en place par votre prédécesseur, mais faites attention de ne pas tomber de l'autre côté du piège... et de suivre aveuglément ce qui a été fait jusqu'ici.

Troisième partie: questionner la proposition.

10. Est-ce que la proposition est trop optimiste?

Demander à l'équipe de jouer la situation en mode "War game" / Simulation. L'idée du wargaming est de déplacer de manière visuelle, sur une carte ou un écran, les différents éléments qui font partie de la décision et d'aller dans le détail.

Qu'est-ce que tu dois faire là...? Est-ce que tu as passé commande pour ce véhicule? Est-ce que la personne sait comment se préparer?

Jouer visuellement une décision aide à prendre de la distance avec celle-ci.

11. Est-ce que le pire scénario est suffisamment catastrophique?

Vous regardez dans une boule de cristal et le pire du pire se produit: demandez à l'équipe de construire une histoire autour de cette situation en développant les raisons qui ont amené à cette situation catastrophique.

12. Est-ce que la proposition est trop prudente?

Si c'est le cas, réalignez les récompenses et les risques au sein de l'équipe.

La prise de décision est un processus

La prise de décision est alimentée par les informations disponibles et les biais cognitifs à l'oeuvre.

Une fois la décision prise, rien ne s'arrête et tout commence (même si le soulagement peut être important dans le cas de décision que l'on a trop tardé à prendre). 

Il est intéressant de tenir un journal de décisions et se souvenir que même si un résultat est positif, cela ne signifie pas que la décision était la bonne (et inversement). La chance a toujours son mot à dire.

Si vous êtes intéressé par améliorer votre prise de décision, vous pouvez obtenir ici mon journal de décisions.

Julien

PS: Prendre des décisions en maîtrisant le paradoxe du choix? J'en parle ici.

Sources


  • On making smart decisions - Harvard Business Review
  • Sources of power - Gary Klein
  • The black swan - Nassim Nicholas Taleb
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