Dans cet article, vous apprendrez à dompter l'acrasie. Par la même occasion, vous découvrirez pourquoi nous souhaitons atteindre des objectifs , mais que nous ne passons pas à l’acte.
Je partagerai avec vous également 3 stratégies pour passer à l'action plus facilement grâce à 3 stratégies (illogiques).
Avant cela, je souhaite vous parler de Cyril "l'acrasique"
Cyril est étudiant en cours du soir. Il est en formation depuis 1 année pour obtenir un diplôme en leadership. Pour recevoir son diplôme, il doit rendre un travail lié sur la connaissance de soi.
Il doit expliquer comment il a géré certaines problématiques qui se sont déroulées par le passé, dans son équipe.
Il a une année pour boucler son travail. Cyril souhaite pouvoir faire relire son document à plusieurs personnes, notamment son ancienne professeure de français qui a accepté de l’aider. Il décide de commencer par soi, car c’est un conseil qu’il lit souvent sur Organisologie. 3 fois par semaine, il travaillera 30 minutes sur son dossier, ceci avant d’aller au travail. Mais chaque fois que le réveil sonne, il n’arrive pas à quitter son lit. Le confort du lit n’arrive pas à contrebalancer les conséquences bien trop lointaines d’un échec aux examens.
Il a encore le temps. Et il repousse le passage à l’action. Les pensées de manquer à ses engagements le font un peu culpabiliser, mais c’est vite oublié, dès qu’il se retrouve sur le fil d’actualité Facebook. Ce n’est que le début… car :
Quelques mois plus tard, il est 20h et Cyril n’a toujours pas terminé son dossier. Il doit l’amener le lendemain en mains propres (plus le temps pour l’envoyer par la poste) afin de tenir la deadline donnée par l’école.
Cyril travaille toute la nuit, sans sentir la fatigue et réussi à terminer son dossier dans les temps. Cependant, il aurait payé cher pour avoir une heure ou deux en plus. Ceci afin de peaufiner la relecture et corriger la mise en forme du document… Il se jure de ne plus jamais recommencer.
Nous sommes tous des Cyril, un jour ou l’autre, en fonction de la tâche, de notre état émotionnel et des efforts à quitter une situation agréable (le lit) pour en commencer une moins agréable (écrire).
Mais que faire pour faciliter le passage à l’action ?
Que faire pour s’échapper de cette force invisible qui nous empêche de travailler librement sur nos aspirations longs termes?
Vous vous dites qu’il vous faudrait plus de volonté, plus de motivation?
Pour ma part, je vous dis qu’il vous faut une meilleure compréhension de notre fonctionnement. Et c’est ce que vous êtes sur le point de découvrir avec le concept suivant:
L’Acrasie : un problème vieux comme l’homme
De tout temps, l’homme a été touché par l’acrasie. Et si vous vous demandez de quoi je parle… alors, découvrez un concept se rapprochant de la “procrastination”.
Vulgarisé, l’acrasie signifie agir à l’encontre de son meilleur jugement. C’est un concept philosophique. Pour certains, il s’agit d’une faiblesse de la volonté. Spinoza, Platon et Socrate abordent le sujet, mais il est difficile d’avoir une définition plus claire que celle que vous venez de lire: agir à l’encontre de son meilleur jugement.
Pourquoi avons-nous des difficultés à suivre nos intentions et agir?
Il y a plusieurs raisons.
Nous aborderons dans les lignes à venir, l'une des raisons les plus logiques. En tant qu’humain : nous recherchons le plaisir et nous fuyons l’inconfort. Cette notion très basique nous a guidés durant des années et c’est pour cette raison qu’en cas de douleur physique, nous stoppons ce qui fait mal (et ainsi le corps peut guérir).
C’est pour cette raison qu’une agression passée (inconfort) peut nous amener à avoir peur d’un contexte similaire (ruelle sombre, etc). Ceci afin d’éviter l’éventuel inconfort futur.
C’est pour cette raison que Cyril reste dans son lit (confort) jusqu’au moment où les conséquences négatives futures dépassent le confort actuel (le réveil sonne de plus en plus fort… ou Cyril risque de recevoir un appel de la RH ou voir même du boss).
Ainsi, nous sommes temporellement inconsistants
Ce terme (l’inconsistance temporelle) souligne que nous sommes divisés entre le moi futur qui est totalement conscient des bénéfices à long terme d’une nouvelle pratique et le moi présent (qui met la priorité sur la gratification immédiate)
Quand vous définissez un plan d'action / un objectif (comme écrire un livre, lancer un business ou suivre une formation en cours du soir) c’est le moi futur qui est aux commandes. C’est le moi futur qui idéalise ce moment et les bénéfices attachés à cette réussite.
Néanmoins, lorsque vous devez choisir entre travailler sur cet objectif (ou réaliser une autre activité), c’est le moi présent qui est aux commandes.
Et le moi présent n’apprécie pas ce qui est incertain et lointain. Il préfère ce qui est certain et immédiat.
- Pourquoi devrais-je m’entraîner pour être en meilleure forme dans 3 mois… si je peux manger une pizza en regardant Netflix dans 10 minutes ?
- Pourquoi développer une stratégie de contenu qui portera ses fruits dans 10 mois, si je peux simplement aller sur Instagram ?
Pour faire simple, l’acrasie pourrait se résumer ainsi : tendance à agir contre ses propres intérêts futurs.
Bon c’est bien beau tout ça… mais comment inciter notre moi présent à agir pour les intérêts du moi-futur? C’est ce que vous êtes sur le point d’apprendre:
3 Stratégie pour combattre l’acrasie (et faciliter le passage à l’action)
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Les stratégies qui viennent permettent de faire avancer sur la courbe du temps le point de bascule
1. Jouer avec l’espace
La première stratégie est simple et peut être appliquée autant sur les comportements à favoriser que sur les comportements à réduire. Il s’agit de jouer avec l’espace et les stimuli visuels.
Gné?
Je m’explique.
Si vous voulez augmenter vos chances de vous lever tôt, alors vous allez augmenter l’espace entre vous et votre réveil afin que pour supprimer l’inconfort (de la sonnerie du réveil) vous deviez quitter votre lit pour rejoindre votre téléphone qui se trouve à côté d’un livre que vous adorez lire chaque matin (plaisir). Comme le livre The daily Stoic.
Si vous voulez augmenter vos chances de vous mettre au sport, vous allez réduire l’investissement d’énergie initial pour commencer l’activité (par exemple les 30 minutes de voiture dans le trafic pour aller rejoindre le fitness) en faisant du sport dans le parc à côté de chez vous… et en invitant un ami que vous portez en estime (car si vous n’y allez pas, vous passez pour un con = inconfort).
Si vous voulez réduire la consommation de chocolat, vous allez ranger le chocolat à la cave, quatre étages plus bas que votre appartement.
Si vous ne souhaitez pas consulter votre smartphone durant la nuit, vous allez charger la batterie de votre smartphone ailleurs que dans votre chambre à coucher. Pourquoi? Vous l’avez deviné: car vous devrez quitter le confort (du lit chaud en pleine nuit) pour aller chercher votre smartphone. Alors que si celui-ci est a porté de main, la tentation est trop grande.
2. Jouer avec le temps
L’idée? Vous commencez l’activité que vous ne souhaitez pas faire, mais uniquement deux minutes (et vous vous chronométrez).
Car une activité est “psychologiquement” composée de 3 éléments:
- L’activité en soi
- Les conséquences de l’activité
- L’énergie pour commencer
Et souvent, c’est la barrière d’entrée (l’investissement en énergie initial) qui doit être réduite pour pouvoir faciliter le passage à l’action.
Par exemple, j’adore écrire et bloguer. Mais si je devais marcher tous les jours 2 heures pour arriver au premier point de WIFI, je pense que j’aurai abandonné. Il y a donc toujours un investissement initial en énergie à donner, à vous de faire en sorte que celui-ci soit minime…
Quelques exemples permettant de réduire l'acrasie:
- 4 X 30 minutes de sport par semaine. C’est trop? Optez pour 4 X 5 min de sport par jour
- 1 page de lecture par jour. C’est trop? Réduisez à 1 phrase de lecture par jour.
- 3 tâches à réaliser par jour. Trop? 1 tâche à réaliser par jour.
- Une chambre d’appartement à ranger par jour. C’est trop? 1 tiroir à ranger.
Vous voyez la dynamique.
Et cela devrait être (encore plus) facile à faire avec ce qui suit.
3. Jouer avec les habitudes présentes
Observez-vous. Qu’est-ce que vous faites déjà machinalement tous les jours?
- Faire du café les yeux encore collés?
- Saisir votre smartphone pour frénétiquement voir les messages ou les likes arrivés durant la nuit? (Et envoyer 10 messages à 10 potes si vous n’avez rien reçu…)
- Vous brossez les dents (J’espère)
- Vous douchez (il vaut mieux…)
- Fermez votre porte d’appartement à clé?
- Vous habiller?
En fait, selon Charles Duhigg (l’auteur du livre The Power of Habit) nous sommes nos habitudes. Faites le compte, prenez une feuille (maintenant) et un crayon. Allez-y.
Notez tous les comportements que vous réalisez quotidiennement sans vous rendre compte (se lever du lit en est un… et plutôt fiable, car peu importe où vous vous trouvez, si vous ne vous levez pas, vous êtes mort).
Ensuite, vous allez implémenter ce que vous souhaitez faire à une action déjà en place.
Ce qui est intéressant lorsque vous planifiez de faire quelque chose, c’est que vous allez devoir trouver de l’énergie pour justifier un désengagement. Alors que si vous ne planifiez pas, vous allez devoir trouver de l’énergie pour justifier un engagement. Et ce n’est pas pareil.
Réfléchissez bien à ce que je viens d’écrire. Bon, maintenant on va améliorer votre implémentation en répondant aux questions suivantes:
- Quand devra être réalisée une action ?
- Où devra être réalisée une action ?
- Après que je quitte mon appartement (quand / où), je fais 10 pompes (action souhaitée)
- Après mon passage aux toilettes, je respire profondément 3 fois.
- Chaque fois que je me vois dans la glace, je détends la tension qui se trouve dans mes épaules
Et cela marche dans l’autre sens:
- je vais définir ce que je souhaite faire dans ma journée (action), avant d’allumer mon ordinateur (quand / où).
Et si vous oubliez d’y penser, alors collez un post-it sur l’écran. Ou sur la cuvette. Ou sur la porte d’entrée. L’idée est d’augmenter la visibilité du déclencheur pour simplement penser d'agir.
Un post-it bien placé augmente drastiquement le fait de penser à l'action
Pourquoi? Parce que dans un quotidien surchargé, on oublie de penser à ce qui est évident (n'avez-vous jamais oublié de fermer la porte de votre appartement à clé?)
Bon, cela vous plait?Alors il est temps d’agir. Car lire du contenu c’est bien, mais ce qui compte c’est son implémentation.
Aller plus loin et cessez de procrastiner
Vous êtes sur le point de découvrir comment faciliter les actions qui vous permettront d’atteindre vos projets ou supprimer les obstacles qui vous empêchent d’agir. Vous venez de mettre le doigt sur le concept de la procrastination.
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Sources
- The power of habit (Charles Duhigg)
- Solving the Procrastination Puzzle: A concise guide to strategies for change (Timothy A. Pychyl)
- Addiction, procrastination and Laziness (Roman Gelperin)