Pour beaucoup, le stoïcisme est une philosophie avec la vocation de faire de nous des êtres au cœur de pierre. Une philosophie où les cris, les rires et les larmes seraient interdits.
Pourtant, après plusieurs années passées à lire, pratiquer et échanger sur cette philosophie, je pense que le stoïcisme est une philosophie visant comme idéal une tranquillité d’âme, de paix, de sérénité.
Idéal parce que même en pratiquant le stoïcisme, la vie impermanente nous fera souffrir. Qui peut prétendre être prêt à perdre un fils ou une mère ? Un père ou sa femme ? Quel monstre ne verserait aucune larme ?
Dans ma manière de voir le stoïcisme (je précise, parce que selon l'auteur que vous lirez, l'interprétation du stoïcisme peut changer), l'un des buts de cette philosophie de vie est de réduire la durée et l'intensité des difficultés de la vie.
Un autre objectif du stoïcisme romain est de s'améliorer continuellement jour après jour, notamment en supprimant un vice quotidien (comme disait Sénèque, peut-être l'un des stoïciens les plus perspicaces de tous les temps).
Mais qu'est-ce que le stoïcisme ? Comment apprendre le stoïcisme ? Et comment le stoïcisme pourrait mieux nous aider à nous organiser ?
Je réponds à ces questions dans la suite de cet article.
Quel est le but du stoïcisme ?
Le stoïcisme vise 3 buts.
1. Agir avec cohérence selon la nature
Mais qu'est-ce que la nature ? Dans les textes du stoïcisme, la nature peut aussi être désignée par le Dieu ou le cosmos. L'idée derrière ce premier but, c'est que les humains ont reçu une conscience et qu'il est de notre devoir de raisonner pour le bien de la communauté.
Un autre aspect, c'est que dans cette nature, des lois que l'on connait, d'autres que l'on ne connait probablement pas encore, font que les événements qui se produisent ont été placés là pour nous. C'est notre devoir de les accepter comme si nous les avions demandés.
2. Conserver notre tranquillité d'esprit malgré le chaos qui nous entoure.
Épictète (le philosophe esclave, qui a beaucoup inspiré l'empereur Marc Aurèle) le dit dans ses entretiens : avec chaque objectif, il y a un deuxième objectif : celui de rester calme et donc maître de sa raison.
Dans son manuel, deux chapitres rappellent l'importance de rester calme.
Chapitre 12
Commence donc par les petites choses. On laisse couler ton huile, on vole ton vin ? Dis-toi : c'est à ce prix que se vend l'impassibilité; à ce prix, le calme. Rien n'arrive gratis. Lorsque tu appelles ton esclave, pense qu'il peut ne pas avoir entendu, et que, s'il a entendu, il peut ne rien faire de ce que tu veux. Mais dis-toi aussi qu'il n'est pas dans un si bel état qu'il dépende de lui de te troubler.
Chapitre 29
Pèse tout cela, si tu veux recevoir en échange l'impassibilité, la liberté, le calme. Sinon, n'approche pas, de peur que, comme les enfants, tu ne sois maintenant philosophe plus tard percepteur, ensuite rhéteur, puis procurateur de César. Tout cela ne s'accorde pas. Il faut que tu sois un seul homme, ou bon ou mauvais. Il faut cultiver, ou le gouvernement de toi-même ou les choses du dehors, t'appliquer aux choses intérieures ou aux choses extérieures, c'est-à-dire tenir le rôle de philosophe ou de particulier.
3. S'améliorer comme un sculpteur améliore sa création
Pierre Hadot utilise cette métaphore dans son excellent livre "Introduction aux pensées de Marc Aurèle". L'idée de cette philosophie pragmatique, c'est que tout est déjà en nous.
Ce qu'il faut enlever, ce sont des désirs qui se trouvent en dehors de notre zone de contrôle (j'en parle plus loin), les aversions naturelles (la peur de la mort, de la maladie, de la pauvreté), le besoin d'approbation, l'envie de contrôler les autres, les vices, les addictions.
Supprimer ce qui nous trouble pour faire plus de place à ce qui nous calme. Avec suffisamment de pratique, le progressant stoïcien arrivera de plus en plus souvent à rester calme dans le chaos et à voir chaque obstacle comme l'opportunité d'entraîner sa pratique du stoïcisme. Le défi ultime étant celui de la mort.
Être stoïcien / ne, ça veut dire quoi ?
1. Délimiter notre centre d’autonomie (notre citadelle intérieure)
L'idée est de faire la différence entre ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas. Au final, très peu de choses dépendent de nous. Épictète les cite dans le premier chapitre de son manuel : les jugements, les tendances, les désirs et les aversions.
Les jugements sont à considérer comme l'assentiment à nos jugements. Le terme jugement est trompeur, car les jugements sont automatiques. Mais accepter ou non ces jugements est un acte raisonné.
Ainsi le travail du stoïcien est de tendre vers cet idéal afin de ne laisser passer aucun jugement sans avoir évalué celui-ci. Les tendances représentent l'impulsion à agir, notre intention.
Si je fais de la chasse à l'arc, mon intention est de tuer un chevreuil, mais entre le moment où je décoche la flèche et le moment où la flèche touche ou manque sa cible, des événements hors de mon contrôle (le vent?) peuvent contrecarrer mon intention.
Ce qui compte est donc mon intention, vu que le résultat est hors de mon contrôle.
2. Maîtriser le discours intérieur
Maîtriser le discours intérieur revient à stopper court aux pensées inutiles. Qu'a pensé machin de ma présentation ? Si j'avais fait ceci ou dit cela, qu'est-ce que cela aurait fait ? Maîtriser le discours intérieur consiste à évaluer nos désirs, nos aversions, nos pensées et leur donner ou non notre assentiment.
Chapitre 1, dernier paragraphe, du Manuel d'Épictète :
Ainsi donc, à toute idée pénible, prends soin de dire "tu es idée, et tu n'es pas du tout ce que tu représentes". Puis, examine-la, et juge-la selon les règles dont tu disposes, surtout d'après cette première qui te fait reconnaître si cette idée se rapporte aux choses qui dépendent de nous, ou à celles qui n'en dépendent pas. Et, si elle se rapporte à celles qui ne dépendent point de nous, sois prêt à dire : "cela ne me concerne pas".
3. Montrer via nos comportements notre philosophie de vie
Ne pas dire, mais faire. Musonius Rufus disait : un philosophe ne doit pas susciter les applaudissements, mais le silence.
- Un écrivain ne dira pas "je suis écrivain", mais il le montrera en écrivant.
- Un chasseur ne dira pas "je suis un chasseur", mais il reviendra de la forêt en portant un chevreuil mort.
- Un philosophe ne dira pas "je suis philosophe", mais restera calme dans l'adversité.
Les 3 disciplines du stoïcisme : une manière de progresser dans le stoïcisme étape par étape
Pour agir selon la nature et devenir un progressant, il faut pratiquer les 3 disciplines du stoïcisme. Celles-ci sont dissociables en théorie, mais dans la pratique, elles sont inséparables. Je les cite dans l'ordre recommandé par Épictète.
1. La discipline du désir et de l'aversion
Les hommes sont malheureux parce qu’ils désirent des choses qu’ils considèrent comme des biens qu’ils risquent de ne pas obtenir ou de perdre.
Et parce qu’ils cherchent à fuir des choses qu’ils considèrent comme des maux, qui sont souvent inévitables, parce que ces prétendus biens ou ces prétendus maux, par exemple la richesse, la santé ou au contraire la pauvreté ou la maladie, ne dépendent pas de nous.
L’exercice de la discipline du désir consiste à séparer ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas, puis de s’habituer a renoncé progressivement à ses désirs et à ses aversions.
Le but final est de désirer que ce qui dépend de nous, c’est-à-dire le bien moral, et de fuir que ce qui dépend de nous, c’est-à-dire le mal moral.
- Le bien moral consiste à utiliser notre jugement et nourrir les 4 valeurs du stoïcisme (j'en parle plus loin).
- Le mal moral consiste à ne pas utiliser notre faculté de jugement et d'agir à l'opposé des 4 valeurs du stoïcisme.
Ce qui ne dépend pas de nous doit être considéré comme indifférent (ce sont des avantages ou des désavantages) et d'accepter ces indifférents comme si on les avait voulus.
Qu'est-ce qui en fera des avantages ? Le respect (via mes comportements) des valeurs du stoïcisme (courage, prudence, justice et tempérance)...
Qu'est-ce qui en fera des désavantages ? Le non-respect de ces 4 valeurs.
Donner beaucoup d'argents à une personne qui n'a pas de prudence ni de tempérance est un excellent moyen de le voir sombrer plus rapidement.
Et Sénèque (un des hommes les plus riches de son époque, rappelons-le), l'avait bien compris lorsqu'il dit : "je mépriserai les richesses, soit présentes, soit absentes, sans être plus triste si elles sont ailleurs, sans être plus fier si elles brillent autour de ma personne. Je ne serais sensible ni à l'arrivée ni à la retraite de la fortune"
...il enchaîne, dans son ouvrage "La vie heureuse" avec :
"Chez moi la richesse a une place, chez vous elle occupe la première place. Chez moi elle m'appartient tandis que vous leur appartenez".
De la même manière, la maladie peut être vue par beaucoup comme un désavantage, mais le progressant stoïcien suffisamment avancé, verra celle-ci comme l'opportunité de tester sa pratique et ses capacités.
La discipline du désir est la première discipline à travailler, car sans maîtriser cette première discipline, comment pouvez-vous espérer poursuivre l'apprentissage du stoïcisme ? Comment rester calme en craignant des choses dont vous ne contrôlez pas l'apparition ? Comment ne pas se faire du souci quand on cherche à atteindre ce que vous ne contrôlez pas ? Ce n'est pas possible.
Vous l'imaginez bien, cette capacité n'est pas innée et s'apprend petit à petit. À force de lire des textes sur le stoïcisme, de fréquenter de stoïciens ou de pratiquer, les bénéfices du stoïcisme se font ressentir.
Mais cette première discipline, comme les autres, n’est jamais acquise et constitue, je le répète, un idéal.
Ne sais-tu pas à quoi ressemble la soif d'un fiévreux ? Elle ne ressemble en rien à celle d'un homme bien portant. Ce dernier boit et sa soif est apaisée, mais l'autre, après un peu de satisfaction, éprouve des nausées, il tourne l'eau en bile, il vomit, il a des coliques, il éprouve une soif encore plus violente. Telle est la condition de l'homme passionné pour la richesse qu'il possède, passionné pour le pouvoir qu'il exerce, passionné pour la beauté qui partage ses nuits. À cela s'ajoute la jalousie, la crainte de perdre ce que l'on a, les paroles honteuses, les pensées honteuses, les actions déshonnêtes. - Épictète
La recommandation d'Epictète est donc, dans un premier temps, d'apprendre à faire revenir vos désirs et vos aversions dans votre zone de contrôle. Tout le reste, travaillez à considérer cela comme étant indifférent.
Par la suite, quand vous saurez ce qui mérite d'être poursuivi et ce qui ne devrait pas être poursuivi, vous pourrez avoir des désirs sur des choses indifférentes, mais en y ajoutant une clause de réserve (j'en parle plus loin).
2. La discipline de l'action
La discipline de l'action consiste à agir de manière prudente pour ce que je peux contrôler, courageuse face à ce que je ne peux pas contrôler, avec tempérance (modération) pour les tentations et justice avec les autres.
C'est mon jugement sur les choses qui me fait agir d'une certaine manière. Donc, avant d'agir, je dois évaluer mes représentations et tenter de les voir comme elles sont (d'une manière objective). Le résultat de ce travail ? Ce sont mes assentiments.
En changeant mes jugements, je change mes actions. J'agis d'une certaine manière parce que je pense que c'est bien/mal de ne pas agir ainsi.
Dans la discipline de l'action, ce qui compte ce n'est pas le résultat de mes actions, qui ne dépendent pas de moi, mais l'intention que je mets dans mes actions.
Sachant cela, faut-il rester dans son canapé ? Faut-il réduire à néant toute ambition, vu que de toute façon, celle-ci est hors de notre contrôle ? Pas du tout. Loin de là.
Mais donc, comment les stoïciens vont-ils gérer ce paradoxe ? En mentionnant une clause de réserve.
- Je vais réussir à écrire un livre, si rien ne m'en empêche.
- Je vais marcher 100km, si rien ne m'en empêche.
- Je vais faire un enfant avec ma femme, si rien ne m'en empêche.
En mentionnant une clause de réserve, je reconnais l'impermanence qui m'entoure, le rôle de la nature et je réfléchis à ce qui pourrait mal se passer.
Cela réduit le biais d'optimisme, cela m'incite à prendre une marge de sécurité et si je n'atteins pas mon objectif, je peux entraîner ma discipline du désir en voulant tout ce qui arrive comme cela arrive et en entreprenant une nouvelle action plus adaptée à la situation. Je peux aussi accepter (comme si je l'avais voulu) ce que je ne peux pas changer.
Une bonne action est juste. Elle ne fait pas de dommage au corps, à la raison, ni à la communauté. La première raison pour laquelle il faut faire du bien aux autres est le principe du tout "ce qui est utile au tout est utile à la partie". Faire du bien à la communauté, c'est se faire du bien.
3. La discipline du jugement (assentiment)
La discipline du jugement m'aide à déterminer ce qui dépend de moi et ce qui ne dépend pas de moi. Attribuer une notion de bien / mal aux événements qui m'arrivent est une erreur de raisonnement, car cela dépasse la réalité actuelle.
Un événement négatif peut s'avérer être la meilleure chose dans un futur proche. Et inversement.
Je peux louper mon avion... qui s'écrasera sans moi (en tuant tous ses occupants). Parce qu'on ne sait pas comment un événement va se dérouler... le juger est inutile. Par contre je peux juger si je fais le bien moral ou si je fais le mal moral.
La discipline du jugement me permet d'évaluer la pertinence de mes représentations automatiques. Quand une personne m'insulte, ce n'est pas les insultes qui me troublent, mais mon interprétation de ces insultes. La preuve ? Certaines personnes restent calmes face aux insultes.
Entre un événement, sa représentation automatique en moi, mon jugement et ma réaction, il y a un espace temporel et mental qui existe. Plus je prends l'habitude d'utiliser cet espace, plus il m'est facile d'utiliser cet espace. Plus j'utilise cet espace, moins je me fais emporter par mes représentations. Moins je me fais emporter par mes représentations et plus mes actions sont bonnes.
"Ne cherche pas à ce que ce qui arrive arrive comme tu le veux, mais veuille que ce qui arrive arrive comme il arrive, et tu seras heureux.
Les 4 valeurs du stoïcisme
Vous faites preuve de vertu lorsque vous agissez selon les valeurs suivantes.
Un des avantages de la vertu est de déplaire aux méchants (et de tenir ceux-ci à distance). Mon expérience personnelle : certaines relations ont disparu depuis que je pratique le stoïcisme. Pourtant, je n'ai jamais mentionné le stoïcisme à ces personnes. Un deuxième avantage est de gagner en clarté et calme mental.
Modération (discipline du désir / aversion)
La différence entre le bien et le mal est souvent une question de dosage. La capacité à bien doser est la tempérance. La tempérance est donc la modération.
Justice (discipline de l'action)
Agir avec justice équivaut à juger un homme de manière objective, en fonction de ses valeurs, ses intentions, ses mérites, sans être influencé par ce que pensent les autres personnes de lui. Cela consiste aussi à ne pas vouloir faire de différence dans nos comportements avec les autres. Pas de passe-droit, pas d'exception, pas de faveur.
La justice signifie agir pour le bien de la communauté, quitte à devoir se sacrifier.
La justice est plus facile à comprendre en partant de son opposé : l'injustice.
Tuer, voler, violer, manipuler, mentir, etc.
Prudence (discipline du jugement)
Faire preuve de prudence consiste à évaluer les représentations de manière objective sans y ajouter un jugement subjectif. Mais également de penser aux conséquences de premier, deuxième et troisième niveau.
Le courage d'agir selon la nature
Consiste à avoir la force d'appliquer les disciplines. Mais aussi la force d'accepter tout ce qui arrive comme si c'était désiré.
D'autres manières de voir la vertu
- La vertu consiste à détruire chaque jour quelque vice.
- La vertu consiste à ne pas se lier à ceux qui alimentent le vice.
- La vertu, c'est l'excellence de caractère et une intention pure.
La dichotomie du contrôle
Il y a des choses que je contrôle et des choses que je ne contrôle pas. ça vous le comprenez désormais.
Si je cherche à atteindre des choses qui sont hors de ma zone de contrôle, je serais stressé en cherchant à acquérir ces choses... et si par chance j'obtiens ces choses, je serais stressé de les perdre. En somme, je suis un esclave de mes désirs et des circonstances.
Ainsi, la première tâche du stoïcisme consiste à traverser nos journées en identifiant les objets de nos désirs et de nos aversions. Quand un désir se trouve hors de notre zone de contrôle, il faut le replacer à sa juste place : un indifférent et lui ajouter une clause de réserve si je souhaite tout de même le poursuivre.
Je veux arriver à l'heure à l'aéroport : est-ce dans ma zone de contrôle ? Non. Le train peut dérailler, il peut tomber en panne. Et même si j'arrive à prendre l'avion, rien ne me garantit que celui-ci arrive à destination.
Il en va de même pour mes objectifs : je peux désirer obtenir 2000 visiteurs par jour sur mon site. Mais est-ce dans ma zone de contrôle ? Non. Ma stratégie peut être mauvaise... Google peut bannir mon site web.
Je peux rapprocher ce désir de ma zone de contrôle en définissant un objectif proche de ma zone de contrôle : je veux écrire 1 article de 3000 mots par semaine sur une requête populaire en lien avec l'organisation. Mais ai-je des garanties d'y parvenir ? Je peux faire un burn-out, je peux tomber malade.
En délimitant avec précision ce qui se trouve dans ma zone de contrôle (le bien et le mal moral) et en étant indifférent aux restes, je suis de plus en plus calme et serein.
Plutôt que de craindre des événements, je suis curieux de voir comment je vais réagir à ceux-ci.
Comment progresser dans le stoïcisme ?
1. Lisez et relisez beaucoup de stoïcisme
J'ai des phases de ma vie dans lesquelles je redeviens stressé et tendu, ce sont en général des phases durant lesquelles je ne lis plus de stoïcisme. Pour m'inciter à pratiquer le stoïcisme, je mémorise par cœur le manuel d'Épictète et je traduis le livre The daily Stoic ici.
2. Pratiquez le stoïcisme
On peut créer de l'inconfort physique (douche froide), mais mental (parler en public). Le but est de réussir à rester tranquille dans ces moments d'inconforts. Pourquoi? Parce qu'on travaille notre discipline personnelle et que cette discipline personnelle est utile dans bien des domaines. Voici un autre exercice intéressant.
3. Tenez un journal stoïque
Vous pouvez vous demander chaque soir quelle valeur vous avez alimentée aujourd'hui avec vos comportements (prudence, courage, tempérance, justice).
Vous pouvez vous demander quels vice ou tentation vous avez combattus. Le journaling a d'autres bénéfices que je détaille ici.
4. Restez discret sur votre pratique
Tant que vous n'êtes pas suffisamment fort mentalement, ne dites pas aux gens que vous pratiquez le stoïcisme. Ils tenteraient de vous démoraliser. Ou vous risquez de faire du mal à la philosophie si vous vous comportez mal. Faites-le uniquement quand vous avez déjà progressé.
Quelques effets surprenants de la pratique du stoïcisme
- Vous espérez que quelque chose de mal survienne juste pour pouvoir observer votre réaction. Comme un pompier qui s'entraîne des années, mais qui n'a jamais été appelé.
- Vous vous surprendrez à vouloir qu'on vous insulte juste pour pouvoir observer votre réaction.
- Le test ultime étant l'observation de la mort.
Pourquoi le stoïcisme aide à mieux s'organiser ?
Il y a deux manières d'avoir plus de temps et d'énergie au quotidien : optimiser ou maîtriser ses désirs.
L'optimisation, ça fonctionne un moment. Mais plus on optimise, et plus le système se complexifie (et donc se fragilise). Une personne qui optimise à 200% son agenda en tentant d'utiliser au mieux chaque minute de son temps n'a pas de marge de sécurité face à un imprévu.
Rapidement, il doit prendre là où ça fait mal : le temps passé en famille, le temps de régénération, le temps de sommeil... et là ? le stress arrive, ce qui accentue le problème : plus d'erreurs sont commises, des oublis sont faits, et rapidement ces personnes travaillent d'urgence en urgence en confondant agitation et productivité.
"L'existence continue des systèmes complexes interactifs est fortement liée à la prévention de la maximisation d'un des éléments du système" Gregory Bateson
Et même si l'optimisation fonctionne, la joie qui accompagne les grandes réussites fait rapidement place à une nouvelle normalité. Ni une ni deux, il faut plus... (ce concept est plus connu sous le nom d'adaptation hédonique).
De l'autre côté, il y a la maîtrise de ses désirs. En un mot, réussir à continuellement apprécier ce que l'on possède aujourd'hui et que l'on convoitait un jour. Utopique pour une société (l'Être humain est fait pour vouloir toujours plus), mais accessible pour certains individus : les stoïciens.
En maîtrisant mieux nos désirs, nous pouvons nous dire non plus facilement, rester plus facilement concentrés sur nos priorités. Nous pouvons accepter de ne pas utiliser la moindre minute de notre temps et ne pas chercher l'approbation des autres (qui est un désir hors de notre contrôle et qui, selon les stoïciens, rend malheureux).
D'un côté, l'optimisation, de l'autre, la maîtrise de ses désirs.
Les extrêmes puent et je ne pense pas que l'on puisse maîtriser constamment ses désirs, mais si on peut déjà déplacer le curseur dans la direction des désirs qui sont dans notre contrôle, je pense que le monde irait mieux. Et dans tous les cas, la gestion du temps ne serait plus un problème pour vous.
Julien