Tout de suite, découvrez la Méthode des 2 Sphères (+ 2 autres techniques bonus) pour remédier à votre surmenage intellectuel. J'ai également traité le sujet dans le contexte professionnel: Surmenage professionnel, 5 techniques pour s'en sortir (sans démissionner)
Quand on s’intéresse à faire plus, à mieux s’organiser, à gérer des projets en parallèle, parfois la machine s’emballe et on se retrouve dans un mixer mental.
Un mixer qui tourne, qui fait mal et qu’il est difficile d’arrêter.
Souvent c’est parce qu’il est difficile de connaître les causes précises de cet emballement (et c’est le propre des systèmes complexes) que justement nos pensées s’emballent.
Lorsque j’ai lancé Organisologie, j’ai été pris dans ce mixer mental que je nommerai à partir de maintenant : surmenage intellectuel.
- Certes, je n’envoyais pas de navettes spatiales dans l’espace.
- Certes je ne devais pas atterrir sur la lune.
- Certes, je ne combattais pas en Irak des hordes de kamikazes.
- Certes, je n’avais pas de cancer.
- Certes, j’avais des amis cool, un toit sur la tête, un futon et je me demandais ce que j’allais manger, plutôt que si j’allais manger… Mais:
Mais je ne savais plus où se trouvaient mes priorités.
Je ne savais pas ce que je devais continuer de faire et ce que je devais arrêter de faire.
Je dormais mal (ce qui n’arrangeait rien), mon couple partait en cacahuète. L’ambiance au travail était synonyme de chape de plomb.
Des questions existentielles demeuraient ouvertes.
Et je me disais « Julien, tiens bon. Soi fort ».
Et mon poulet flippé se faisait peur tout seul.
Bref, dans ces conditions, chialer me paraissait être la meilleure des options.
Avant de découvrir les fausses solutions à la gestion du stress...
Découvrez votre niveau de stress à l'aide de ce quiz:
Fausse solution: la méthode des 5 pourquoi.
Dans ces situations, il est courant d’utiliser la règle des 5 « pourquoi » pour tenter de trouver la cause d’un problème. Mais c’est une fausse solution.
Avant de vous expliquer la raison qui me fait dire que c’est une fausse solution, un bref détour sur la définition de la méthode :
La méthode des 5 pourquoi part du principe qu’un effet a une cause et qu’en la trouvant et en la corrigeant, on peut remédier au problème.
Pour la trouver, il suffit de descendre suffisamment profond (d’où les 5 « pourquoi ») afin de trouver la cause initiale.
Exemple : – J’ai envie de chialerPourquoi ?– Parce qu’au travail l’ambiance est morosePourquoi ?– Parce que des gens démissionnentPourquoi ?– Parce qu’il n’y a pas assez de culture d’entreprisePourquoi ?– Parce que la direction a d’autres prioritésPourquoi?– Parce qu’il faut repourvoir les postes des personnes qui démissionnent.Bon vous voyez que la méthode des 5 pourquoi n’est pas idéale pour déceler la cause d’une situation problématique (entre nous, quelles sont les raisons de s’arrêter à 5 pourquoi et pas 7?).En fait, vous pouvez soulever pas mal de problèmes auxquels vous n’aviez pas penser et même tourner longtemps en boucle.
Il n’est pas nécessaire de comprendre pourquoi un problème survient pour le résoudre.
Je suis conscient que cette manière de penser va en déranger plus d’un, mais le plus vite vous comprendrez ce qui va suivre et le plus vite vous pourrez faire de la place dans votre surmenage intellectuel.
Voici un exemple d’un problème résolu sans en connaître la cause.
Mon manager me donne du travail.
Du travail que je n’arrive pas à terminer avec les ressources à ma disposition. J’essaie de lui faire comprendre que je ne ferai pas longtemps des heures supplémentaires.
Je commence à faire des heures supplémentaires en me disant « OK, je vais réussir à venir à bout du travail… », mais plus je travaille et plus la charge de travail augmente. Je demande un entretien avec les RH et mon manager pour expliquer la situation. Rien ne change.
Pourquoi mon manager se comporte-t-il de la manière suivante? Pourquoi mon manager ne comprend-il pas? Je n’en sais rien. Et même si je lui demandais, rien ne me garantirait que ce soit vrai (d’ailleurs, il se peut que lui-même n’en connaisse pas la raison).
Donc, je coupe cours et j’honore l’accord toltèque N°2 (ne jamais en faire une affaire personnelle) et le N°3 (ne jamais faire de supposition). Et j’en profite pour changer ma manière de faire: je cesse de faire des heures supplémentaires. Je change le quoi sans connaître le pourquoi.
Mon manager arrête de me donner trop de travail et me respecte plus. Pourquoi? Je n’en sais rien, mais le problème est résolu. La méthode des 5 pourquoi est une méthode inappropriée lorsqu’on cherche à résoudre des problèmes humains.
C’est ce que je considère comme une fausse solution face au surmenage intellectuel (entre autres). Mais il y a probablement d’autres fausses solutions (ou tentatives de solutions) qui vont aggraver le problème initial (notamment ne pas agir, ou de s’efforcer à solutionner une situation qui est inaltérable… j’en parle plus loin.) Mais arrêtons-nous là et avançons dans la résolution du surmenage mental.
Comment ai-je mis de l’ordre dans mon mixer mental ?
Lorsque nous sommes en train de courir après un train en marche, il est difficile de réfléchir calmement au meilleur moyen de monter dans le train (car si on le faisait, on arrêterait de courir et on prendrait un autre billet pour le train suivant…ou le taxi). Lorsque la surcharge intellectuelle est trop élevée, on n’arrive pas à différencier les informations pertinentes, de celles qui ne le sont pas, mais qui viennent uniquement nous embrouiller les neurones.
Premier outil anti-surmenage intellectuel : les 2 sphères
Ce premier outil j’y ai justement pensé aujourd’hui. Souvent, le surmenage intellectuel provient du fait que l’on perd l’impression de contrôle que l’on a sur notre environnement. Certes, je suis persuadé qu’on ne comprend pas grand-chose au monde qui nous entoure, mais autant s’épargner un peu en faisant l’effort de trier les informations sur lesquelles nous n’avons réellement aucune influence.
L’intérêt ? On retrouve une sensation de contrôle. La situation si complexe redevient plus abordable. Les personnes saines d’esprit ne vont rarement lutter contre la mort d’un proche, car elles savent que l’on n’a pas d’influence sur ce fait. Que faire revivre une personne est hors de notre zone de contrôle (car impossible).
Tout comme il est impossible de faire disparaître la pluie en pensant au soleil : nous n’avons pas d’influence sur la météo. L’outil des 2 sphères permet donc de faire la différence entre les situations hors contrôle et les situations sur lesquelles vous avez du contrôle. Comment utiliser l’outil ?
1. Faites une liste de tout ce qui vous occupe l’esprit en ce moment (vos peurs, les situations problématiques, etc.)2. Numérotez la liste 3. Tracez deux sphères. Comme ceci :
4. Répartissez les différents éléments dans les sphères. Faites cet exercice. Cela vous permettra déjà d’y voir plus clair, mais surtout, cela vous permettra de passer à l’exercice suivant. Car ce n’est que le début…
Il faut à présent travailler sur les peurs / problèmes qui sont dans votre zone de contrôle.
C’est là que je vous parle du deuxième outil que j’ai découvert dans le livre The end of stress.
L’idée de cet outil est de vous pencher en profondeur sur des peurs. C’est à dire des généralisations de votre poulet flippé. Et nous l’avons tous ce poulet flippé. D’ailleurs si je vous en parle, c’est qu’il me concerne et que je dois régulièrement faire des exercices pour l’apaiser.
Pour votre information, 85% des personnes qui stressaient pour des situations à venir se faisaient du mal tout seul, car ces situations n’arrivaient jamais. Pour le 15% restant, 79% des personnes ont géré la situation bien mieux que prévu. Tout ça pour dire que… dans le 97% du temps, notre poulet flippé est notre seul ennemi.
Prenez donc votre calepin-porte-monnaie. Ou uniquement deux pages.
Sur celle de gauche, vous allez noter en haut de la feuille: de quoi ai-je peur?
Vous allez ensuite prendre les sujets qui se trouvaient dans votre zone d’influence (premier exercice) et vous demandez: qu’est-ce qui me fait peur avec le premier point?
Vous notez la réponse. Cela vous donne quelque chose du genre:
– J’ai peur de perdre tous mes amis
Puis vous vous demandez… qu’est-ce qui me fait peur dans le fait de perdre tous mes amis?
– J’ai peur de me retrouver seul…
Puis vous vous recommencez avec cette nouvelle réponse:
Qu’est-ce qui me fait peur dans le fait de me retrouver seul?
– J’ai peur de ne pas avoir de support en cas de coup dur…
Et ainsi de suite.
Quand vous sentez avoir répété l’exercice suffisamment de fois, vous remarquez que cela ne va pas mieux (car l’exercice est proche des 5 pourquoi). Vous allez donc transformer vos réponses en affirmation (ce qui va faire empirer la situation, mais c’est normal):
J’ai peur de me retrouver seul devient « je me retrouve seul ».
Vous faites cela pour toutes vos réponses.
Ensuite, vous passez à la page de droite…
Et vous inscrivez en haut de la page: est-ce que cette affirmation est à 100% correcte? Si une exception existe, quelle affirmation serait plus proche de la réalité?
Je perds mes amis devient -> certains amis me quitteront, les vrais resteront (par exemple).
Je me retrouve seul -> je suis moins souvent occupé. Je peux renconter de nouvelles personnes
Je n’ai pas de support en cas de coup dur -> j’aurai moins de support, mais ma famille et mes amis proches restent
L’idée de ce deuxième exercice est clairement de calmer votre poulet flippé en identifiant les exceptions ou en spécifiant les généralisations.
Cet exercice est à réaliser avec toutes les pensées noires, flippantes, stressantes qui persistent après le premier exercice.
Le troisième outil anti-mixer mental: supprimer
Lorsque j’ai demandé à Julien P (un ami de longue date qui a toujours de très bons ouvrages à me recommander) qu’est-ce qu’il me conseillait contre le surmenage intellectuel, il m’a parlé d’un livre de Nassim Nicholas Taleb (je ne me souviens plus du titre) dans lequel Nassim explique ceci :
Depuis quelques années on voit émerger la science du bonheur : qu’est-ce qu’il faut faire pour être heureux? Et en fait, on n’en sait rien. Par contre on sait ce qu’il ne faut pas faire.
– Il ne faut pas manger de la mauvaise nourriture
– Il ne faut pas passer sa vie devant Netflix
– Il ne faut pas trainer avec des gens qui vous descendent et vous posent des problèmes
– Il ne faut pas travailler avec des manipulateurs et pervers
– Il ne faut pas faire de mal aux gens
– Il ne faut pas prendre les choses personnellement
– Il ne faut pas faire de supposition
Naturellement, ceci est une liste non exhaustive et vous trouverez toujours des gens qui seront heureux malgré certains de ces points. Chercher à comprendre « pourquoi » est une perte de temps que je ne ferais pas ici.
Mais l’idée est de supprimer avant de vouloir ajouter.
Non, je ne parle pas de moins, mais mieux. Mais de moins tout court.
– Moins de réseaux sociaux (il est prouvé que cela déprime)
– Moins de sucre (le sucre ((aussi)) favorise la dépression)
– Moins de notifications
– Moins de 5 pourquoi (qui amène à une overdose d’introspection)
– Moins de choix (qui amène une paralysie)
– Moins de maquillage rend heureux… (je n’ai pas de source, mais une image… je devais la mettre celle-là).
Bon à présent, l’un des problèmes sur lesquels je me penche beaucoup dans tout ce que je fais est le suivant : comment faire en sorte de me rappeler d’utiliser les méthodes que je vois ou développe, au bon moment ? C’est-à-dire, quand j’en ai besoin.
Car l’un des problèmes du surmenage intellectuel, c’est que l’on ne voit rien arriver.
Et d’ailleurs, il n’y a pas besoin d’être en surmenage intellectuel pour oublier de faire des choses que l’on s’était juré de faire.
Je prends souvent l’exemple de la porte d’entrée que l’on oublie de fermer à clé, ou des plaques de la cuisinière que l’on oublie d’éteindre. Donc le problème reste entier (même si on n’est pas dans le mixer) : comment réussir à se souvenir d’utiliser les outils quand on en a besoin ?
Se souvenir d’agir lors d’un surmenage intellectuel :
Conduisez-vous ? Si c’est le cas, vous avez probablement déjà vu une lampe s’allumer sur votre tableau de bord lorsque vous n’aviez pas mis d’huile, ou un son assez désagréable lorsque vous ne mettez pas votre ceinture de sécurité. Et cela fonctionne : on met la ceinture, ou on s’arrête faire le plein d’huile.
Pareil pour l’icône de la batterie faible de votre smartphone qui va vous pousser à trouver une prise pour recharger les batteries.
Pour le surmenage intellectuel, il est important d’identifier vos propres indicateurs. Des indicateurs simples, fiables qui vous disent « Hey, prends-toi en main ! »
Voici mes indicateurs, mes lampes témoins (du moins important, au plus important)
1. Les remarques qui me passent à 3 km en temps normal m’affectent.
2. Je ne ris plus
3. Je vois le verre à moitié vide (comme les problèmes lors d’une insomnie)
4. Je manque d’énergie
5. Je me réveille la nuit
6. J’ai envie de tout quitter et tout ce que je fais n’a plus de sens.
7. J’ai envie de chialer
C’est en général entre le point 4 et 5 que cela me fait un déclic. Car telle la grenouille que l’on fait cuir petit à petit et qui ne se rend compte de rien et qui finit par mourir, il est difficile de prendre conscience d’une situation problématique quand est plongé dedans.
À propos de la grenouille qui se laisse cuire, c’est un mythe. J’ai testé.
Pour bien appréhender les indicateurs, il faut les voir tels le bouton du volume de votre chaîne hifi. C’est progressif et rarement tout ou rien.
L’un des meilleurs indicateurs reste encore les conseillers et les amis fiables qui sauront vous dire : « Julien, tu pars en couille. Julien, tu fais de la merde. »
Cet ami fiable, ce conjoint qui sait vous dire ce que vous n’arrivez pas à voir, c’est la main qui vient débrancher la prise de votre mixer mental. C’est parfois l’électrochoc espéré. C’est la fenêtre de Johari entraperçue.
Bon… j’ai un peu abusé sur les métaphores, mais voici…
LE résumé anti-surmenage mental à prendre avec:
1. Face à un surmenage intellectuel (ou un surmenage professionnel), cherchez à comprendre le pourquoi est inutile.
2. Il est important de faire la différence entre ce que vous pouvez influencer et ce que vous devez accepter hors de votre zone d’influence.
3. Vous pouvez travailler sur les éléments dans votre zone d’influence pour justement voir les exceptions et apaiser votre poulet flippé.
4. Vous pouvez également supprimer les problèmes qui ne vous rendent par heureux (plutôt que de vouloir à tout prix les résoudre)
5. Mais pour pouvoir appliquer les points qui précèdent, vous devez vous souvenir de le faire, grâce à vos indicateurs.
À présent, je vous propose de découvrir la check-list (qui résume tous les points clés de l’article, avec différents schémas ainsi qu’une application smartphone gratuite et intéressante pour l’exercice des 2 sphères).
Continuez d'alimenter votre cerveau avec ces articles: