Il y a des choses qui sont difficiles en théorie et faciles en pratique (faire du vélo)...
...d'autres qui sont faciles en théorie et difficiles en pratique (définir ses priorités).
La méthode MoSCoW facilite la définition des priorités de vos projets.
Elle permet aussi de résoudre les casse-têtes de gestion de projet en offrant une approche simple.
Le but ?
Vous assurez que les tâches importantes sont accomplies en premier, tout en gérant les tâches moins prioritaires et les ressources disponibles.
Si vous êtes dans la gestion de projet, cette manière de prioriser mérite votre attention
Je la trouve plus intéressante que la priorisation par les chiffres, la matrice ABC ou encore la matrice d’Eisenhower (que je déconseille, car ce qui est important doit être fait à temps pour ne pas devenir urgent).
La méthode MoSCoW permet de classer les tâches et les actions en fonction de leur importance et de leur criticité, offrant ainsi une visibilité claire sur les priorités.
Dans cet article je vous montre pourquoi j’utilise cette méthode (surtout pour les projets sur lesquels j’ai une certaine expérience).
Pour les plus curieux ?
Je donne un exemple concret de priorisation.
Prêt.e ? C’est parti.
J'ai aussi créé une formation pour commencer et terminer vos projets sans vous disperser (une des étapes est justement la mise en pratique de la méthode MoSCoW). Si ça vous intéresse, vous pouvez rejoindre la méthode des 4P ici.
Replacer la méthode MoSCoW dans son contexte
Vision -> Stratégie -> Plan -> exécution de la stratégie.
La méthode MoSCoW se situe au niveau du plan et de l’exécution de la stratégie.
Elle facilite la prise de décision en hiérarchisant les tâches selon leur importance et leur criticité, ce qui permet d'organiser les équipes autour d'objectifs précis, notamment pour des projets à court terme.
Sans vision, vous risquez d’avancer dans la mauvaise direction.
Sans stratégie, il vous sera difficile d’utiliser la méthode MoSCoW.
L'importance d'une méthode de priorisation pour éviter l'éparpillement
Une fois votre stratégie identifiée, il vous faut un objectif ou un plan d’action pour clarifier ce qui doit être fait et coordonner vos ressources.
Cet objectif et ce plan d’action forme un projet.
Et pour savoir ce qui doit être fait dans ce projet…?
La méthode MoSCoW (inventée par Dai Clegg) est tout indiquée.
Avant de sauter dans la catégorisation de vos priorités, commencez par répondre aux questions suivantes :
- Si toutes les performances actuelles dans ma vie, mon business, restent identiques, quel projet, quel domaine, aurait l’impact positif le plus important à long terme ?
- Quel résultat spécifique est-ce que je souhaite atteindre?
- En combien de temps?
- Qui va utiliser mon résultat ?
- Qu’ai-je à disposition pour atteindre ces résultats ?
- Qu’est-ce que je dois faire en parallèle de ce projet?
Le but est de définir le périmètre de votre projet (QCD).
L'inventeur de la méthode MoSCoW
Il s’appelle Dai Clegg (auteur du livre Case Method Fast-Track: A Rad Approach).
MoSCoW est un acronyme qui regroupe 4 catégories de tâches
Comme vous le verrez plus loin, il peut aussi s'agir des fonctionnalités qu'un produit doit posséder (ou pas).
Must do (M) - je DOIS faire
Il s’agit des tâches impératives à réaliser pour pouvoir utiliser le résultat.
Si vous ne les réalisez pas, le projet est un échec. Le produit est inutile. La valeur n’est pas libérée.
Should do (S) - je DEVRAIS faire
Il s’agit des tâches qui apportent une grosse valeur ajoutée au projet. Vous devriez avoir cette tâche si elle apporte une valeur significative et ne retarde pas les tâches impératives.
On devrait avoir cette tâche si elle est possible à réaliser après les tâches impératives.
Could do (C) - je POURRAIS faire
Il s’agit des “petit plus” que vous pourriez faire s’il vous restait du temps ou de l’argent (après avoir terminé les actions M et S).
Vous pourriez avoir cette tâche si elle n’affecte rien d’autre et n’a pas d’impact sur la fonctionnalité intégrale du projet. On pourrait avoir cette tâche si elle n’affecte rien d’autre et si elle ne retarde pas les tâches plus urgentes.
Won’t do (W) - je NE FERAIS PAS
Il s’agit des actions que vous décidez de ne pas faire, car elles se trouvent en dehors de votre périmètre de projet.
Gardez ces tâches dans votre boîte à idées d’amélioration du projet / produit pour la seconde version / itération.
Le focus est le fait de décider des choses que l’on ne fera pas - John Carmack (ingénieur en informatique américain et programmeur de jeux vidéo)
La technique Moscow peut aussi s’utiliser pour prioriser les fonctionnalités qu’on va développer pour un produit :
- Must have this - le projet DOIT avoir cette fonctionnalité
- Should have this - le projet DEVRAIT l’avoir, surtout si cela n’affecte rien d’autre
- Could have this - le projet POURRAIT l’avoir, à condition que cela n’affecte rien d’autre
- Won’t have this - le projet n'AURA PAS ces fonctionnalités.
Exemple de la méthode MoSCoW en pratique (cas concret avec mon vélo)
Admettons que vous devez construire un vélo de A à Z pour un client hypothétique, seul ou en équipe (une mission qui est bien plus difficile qu’elle n’y parait.
Avez-vous déjà essayé de construire une roue utilisable en partant de zéro ? )
1. De tête, listez tout ce que vous pensez devoir faire.
Ne vous occupez pas de classer les tâches dans les différentes catégories. Si vous faites cet exercice en équipe, faites chacun une liste dans votre coin avant de les mettre en commun.
2. Demandez-vous ensuite quelles sont les tâches impératives qui doivent être exécutées pour ne pas mettre en danger la vie d’un hypothétique cycliste. Ce sont les exigences incontournables pour répondre à ce critère.
Notez comme je précise le but de mon projet en formulant un critère (ne pas être un danger pour un cycliste).
3. Réfléchissez aux tâches qui devraient être exécutées une fois les tâches M réalisées.
4. Listez ensuite les tâches qui pourraient être faites si tout se passe bien. Ces tâches devraient être réalisées autant que faire se peut (if at all possible).
5. Puis, listez les tâches que vous ne ferez pas cette fois (ou jamais). Vous lancerez la première version du vélo. Avec le retour des clients, vous améliorerez celui-ci.
Voici à quoi ressemble ma première liste de tâches :
- Créer des roues
- Créer un cadre solide qui porte au moins 100 kilos
- Créer des garde-boues
- Installer des freins
- Installer une lampe
- Ajouter des pédales
- Ajouter un système de vitesse
- Créer le compteur de vitesse
- Ajouter une béquille
- Ajouter une selle
- Ajouter un porte-bagage
- Ajouter un porte-cadenas
- Ajouter une puce GPS
- Ajouter une batterie
- Ajouter des autocollants réfléchissants sur l'arrière des pédales
- Ajouter une sonnette
Je distribue ensuite ces tâches dans les différentes classifications.
(M) Must Do - Je DOIS faire
- Créer un cadre solide qui porte au moins 100 kilos
- Créer des roues
- Ajouter des pédales
- Installer des freins
- Ajouter une selle
(S) Should Do - Je DEVRAIS faire
- Ajouter un système de vitesse
- Installer une lampe
(C) Could Do - Je POURRAIS faire
- Créer des garde-boues
- Ajouter une béquille
- Créer le compteur de vitesse
(W) Won't Do - Je NE FERAIS PAS
- Ajouter des autocollants réfléchissants sur l'arrière des pédales
- Ajouter une batterie
- Ajouter une puce GPS
- Ajouter un porte-cadenas
- Ajouter un porte-bagage
- Ajouter une sonnette
Si vous ne savez pas par où commencer, une technique intéressante est de commencer par définir ce que vous ne ferez pas (de commencer par la catégorie Won't do / have avant la catégorie Must).
Difficulté de la méthode MoSCoW pour le travail du savoir
On peut discuter des heures entre ce qui DOIT, DEVRAIT, POURRAIT et NE SERA PAS FAIT.
Surtout lorsqu'il s'agit d'un travail intangible: qu'est-ce qui fait un bon travail de recherche? Une bonne présentation ?
Ou un travail créatif : qu'est-ce qui constitue un bon article ? Un bon livre ? Une bonne formation en ligne?
Il est important de comprendre que la priorisation MoSCoW est utile lors de la planification, mais ne remplace pas votre stratégie.
Une fois le projet lancé, vous aurez toujours d'autres idées, d'autres opportunités, qui vous donneront envie d'agir.
C'est le dilemme du chercheur d'or: dois-je exploiter ou explorer?
Chaque fois que vous faites quelque chose, vous utilisez des ressources qui pourraient être utilisées pour trouver un projet plus prometteur.
Retenez vos ardeurs. Surtout si les résultats mettent du temps à venir.
Le programme le Coach numérique est conçu dans ce but : vous aider à progresser sur un seul objectif, malgré les doutes et la motivation instable.
Mais même au sein de votre projet, vous aurez de nouvelles idées... par exemple, si vous voulez balader en ville, vous verrez peut-être un vélo qui a vraiment de la gueule. Un vélo qui a de la fourrure sur le guidon.
Diviser, détailler, préciser les tâches complexes... en décortiquant celles-ci (avec une nouvelle itération MoSCoW)
Si lors du premier exercice, il reste des tâches floues (vous ne savez pas par où commencer celles-ci), alors vous pouvez les préciser en réutilisant la Méthode MoSCoW.
Par exemple, dans la catégorie M, il y a la tâche "Créer un cadre solide qui porte au moins 100 kilos". Rien ne vous empêche de recommencer le processus cité plus haut.
Ma première liste de tâches pour créer une structure de vélo solide:
- Trouver un métal résistant et léger qui correspond au budget.
- Faire un plan d'assemblage pour le cadre
- Souder ses différents éléments constitutifs
- Protéger celui-ci contre les intempéries
- Préparer les encoches pour les autres pièces du vélo
- Ajouter le logo de la marque
Je vais ensuite répartir ces différentes tâches dans les 4 catégories (sans utiliser la méthode 1-1-1-1)
M - Must do / Must have
- Trouver un métal résistant et léger qui correspond au budget.
- Souder les différents éléments
- Préparer les encoches pour les autres pièces du vélo
S - Should do / Should have
- Faire un plan d'assemblage pour le cadre
C - Could do / Could have
- Protéger le métal contre les intempéries
- Ajouter le logo de la marque
W- Won't do / Won't have
- -
D'autres méthodes pour prioriser
La méthode MoSCoW n'est pas la seule manière de prioriser.
- La matrice d’Eisenhower vous aide à catégoriser les tâches selon leur degré d’urgence / importance (que je déconseille toujours).
- La loi de Pareto vous aide à mettre le doigt sur le peu d’activités qui génèrent un maximum de résultats.
- La matrice préférentielle vous aide à définir ce qui semble le plus important en comparant chaque option entre elles.
- La méthode NERAC vous permet de regrouper différentes méthodes d’organisation.
Passer du plan à la réalité
Une fois que vous avez des tâches précises, vous pouvez utiliser un rétroplanning, un plan d'action ou encore la méthode Kanban (ma préférée) pour exécuter les tâches avec régularité.
Mais gardez à l'esprit ce que le général Eisenhower disait: les plans sont inutiles, mais planifier est essentiel.
Soyez agile : adaptez-vous à la réalité. Au besoin, modifiez la qualité, les coûts ou les délais de votre projet.
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