Ils sont nombreux à tordre le cou aux objectifs, avec en tête d'affiche Scott Adams, James Clear et Derek Sivers. Selon eux, il est préférable de mettre en place des systèmes.
Et je les rejoins. Mais alors, système ou objectif ? Ma réponse : système ET objectif.
Car chaque système a un objectif (un but, une fonction), qui est connu (ou pas) par l'observateur / utilisateur du système.
Le problème des objectifs déconnectés des systèmes ?
Souvent lorsqu'on choisit un objectif, on se dit "une fois atteint, je pourrais passer à la suite".
Et à moins d'avoir des ressources pour déléguer le maintient ou la poursuite de ces objectifs, on se retrouve à empiler les tâches invisibles.
Vous savez, ces tâches qu'il faudrait continuer de faire pour maintenir les acquis (les objectifs réalisés) mais qui ont tendance à ne pas être considéré lorsqu'on évalue la quantité de ressources à notre disposition.
Un exemple, vous dites ? Mais bien sûr. Vous faites bien de demander.
Exemple :
Perdre 10kg d'ici la date X -> objectif spécifique, temporellement défini, SMART diraient certains "experts".
Mais une fois l'objectif atteint, que se passe-t-il ? Il faut maintenir les résultats. Sans ça, les efforts sont gaspillés.
On reprend 15 kg.
Et c'est dans ce sens que penser en "objectif systémique" a du sens. On installe la structure qui permet d'atteindre l'objectif et maintenir celui-ci sur la durée.
Ainsi l'objectif devient une conséquence au système en place.
Ça me fait penser à mon instructeur de tir, qui me disait, en mordillant son cigarillo :
Julien, la vitesse est une conséquence à un mouvement lent et juste, répété des centaines et des centaines de fois.
Chercher la vitesse (comme objectif) est une merveilleuse façon de se tirer une balle dans le pied.
Pour revenir sur la nourriture, si la perte de poids est une conséquence à un système, et que le résultat doit pouvoir être maintenu sur la durée... vous voyez bien que l'approche est différente.
Et c'est là qu'on pense outils + méthodes + actions, adaptés au contexte unique dans lequel vous vous trouvez.
Je bosse comme ça avec mes clients en coaching privé.
À présent, un peu de marteau thérapie
Car c'est bien connu, la répétition fixe la notion.
Si mon objectif est de "Faire 50'000 de CA en septembre" -> objectif spécifique, smart, etc.
Le problème ? On tombe encore dans une vision court-termiste.
Faire 50'000 de CA par mois -> lancer promos sur promos -> faire 50k -> le mois suivant, 5k de CA, car les gens se sont désinscrits en masse OU les acheteurs potentiels ont dépensé durant les promos et n'ont plus d'argent pour les nouvelles offres.
Fondamentalement, je me méfie des objectifs à court terme, trop beau, trop gros. C'est une règle du pouce, il y a des exceptions, comme toujours.
Tenez, l'objectif d'écrire un livre, peut faire exception.
De la date X à Y, j'écris un livre. Si je n'ai jamais publié un livre avant, je vais choisir un objectif qui se trouve dans ma zone de contrôle. Si j'ai publié plusieurs livres, je peux prendre le risque de choisir un objectif hors de ma zone de contrôle.
Ceci dit, le travail de maintient est proche de zéro, quand on publie un livre avec une maison d'édition. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas des outils, méthodes et comportements pour atteindre cet objectif. Ça veut dire que cet objectif peut-être un peu moins "systémique".
Cependant un livre pourrait aussi être la conséquence à un système, comme Niklaus Luhmann, qui en 30 ans, publia 58 livres et plusieurs centaines d'articles. Même après sa mort, plusieurs livres ont été publiés sur différents sujets.
Bref, vous l'aurez compris : j'adore l'approche systémique et les objectifs. La question n'est pas "objectif ou système", mais "objectif ET système".
Et pour les fanatiques de la méthode SMART et de tout "ce qui ne se mesure pas ne se gère pas..." souvenez-vous de ce que disait W.Edwards Deming à la fin de sa vie :
Seul 3% des choses importantes peuvent être mesurées.