"Tu dis oui, tu augmentes ton chiffre d'affaires. Tu dis non, tu augmentes ton bénéfice."
Gregory Feret ne vend pas du rêve. Il vend de la clarté. Et c’est rafraîchissant.
Dans ce premier épisode du podcast Process Advantage, on ne parle pas d'inspiration molle ni de citations de startuppers encadrées au mur.
On parle de terrain, de vraies entreprises, de PME romandes qui veulent arrêter de courir dans tous les sens pour commencer à croître avec du sens.
Gregory, CEO de Silicom et ancien capitaine de Qualibroker Group, n’est pas venu donner des leçons. Il partage ce qu’il a testé, réussi, foiré, et amélioré.
Et surtout : il rappelle qu’un dirigeant n’est pas là pour brasser de l’air, mais pour créer du cadre, de la valeur et de la liberté.
Le vrai problème ? Ce n’est pas le chaos. C’est l’absence de cadre
Soyons honnêtes : si votre entreprise fonctionne à peu près bien malgré le flou, c’est un miracle. Et il ne durera pas.
Le vrai problème n’est pas la complexité de votre marché. Ce n’est pas le recrutement. Ce n’est même pas le manque de temps. C’est que vous n’avez pas posé les règles du jeu. Ou alors, vous les avez posées dans votre tête, sans les rendre visibles.
Gregory a fait ce chemin. En dirigeant Qualibroker Group, il s’est heurté au plafond de verre que rencontrent toutes les PME en croissance : l’organisation informelle ne suffit plus. Il faut structurer. Formaliser. Trancher.
Le flou est confortable. Il vous permet de garder le contrôle. De rester indispensable. Mais il empêche la croissance. Il épuise les équipes. Et il vous colle au centre du système.
Processus = prison ? Non : processus = liberté
Beaucoup de dirigeants de PME détestent le mot "processus". Ils l’associent à la bureaucratie, aux grosses boîtes lentes, à l’administration.
Erreur fatale.
Un bon processus, ce n’est pas une cage. C’est un filet de sécurité. C’est un garde-fou. C’est ce qui vous permet de prendre des vacances sans que tout parte en vrille.
« Si vous ne pouvez pas décrire ce que vous faites sous forme de processus, vous ne savez pas ce que vous faites. » Edward Deming
Sans processus, vos collaborateurs réinventent la roue. Ils font au mieux, chacun à leur façon. Résultat : des erreurs, du stress et une dépendance à des individus-clés.
Avec des processus simples, visibles et adaptés, vous gagnez en clarté. Vous pouvez améliorer. Former. Déléguer. Contrôler.
Et surtout : vous sortez du chaos opérationnel.
Arrêtez de tout faire vous-même : déléguer, c’est décider d’exister
Oui, vous pouvez tout faire.
Mais est-ce votre job ?
Gregory l’a compris après plusieurs années : il était doué pour déléguer les tâches. Mais pas les décisions. Il continuait d’intervenir, de trancher, de court-circuiter.
Alors il a pris une décision radicale : ne plus aller au bureau tous les jours. Il s’est forcé à prendre de la distance. Pas pour travailler moins. Pour mieux travailler. Pour penser. Pour créer.
Il a mis en place des KPIs pour garder la visibilité sans être dans le micro-management. Et il a vu ses équipes prendre leur place. Assumer leurs responsabilités. Grandir.
La délégation, ce n’est pas une preuve de faiblesse. C’est un acte de stratégie.
« Moi je ne cherche pas du travail. Je cherche du revenu. »
Cette phrase mérite un autocollant sur votre écran.
Combien d’entre vous remplissent leur agenda d’activités inutiles ? De réunions qu’on aurait pu remplacer par un e-mail ? De rendez-vous clients qui ne donneront rien ?
Gregory encourage une approche brutale mais saine : analysez votre semaine. Qu’est-ce qui vous rapporte vraiment du revenu ? Et qu’est-ce qui vous fait juste vous sentir occupé ?
Il ne planifie plus ses déjeuners "network" 4 mois à l'avance. Il a bloqué du temps pour le sport. Il a organisé ses journées avec des blocs thématiques. Et surtout, il a appris à dire non.
Et vous ? Avez-vous cette discipline ?
Exemple concret : comment Silicom utilise ses processus pour créer de la valeur
Chez Silicom, tout commence par le bouche-à-oreille. Ce sont des clients satisfaits qui en parlent. Ou des rencontres lors d’événements comme le "Rendez-vous des Entrepreneurs" organisé à la Foire du Valais.
Ensuite ? Une méthode carrée. Le client entre en contact. L’équipe commerciale qualifie le besoin. Très vite, les techniciens sont intégrés à la discussion. L’offre est dimensionnée ensemble, entre business et technique. Pas de promesse commerciale floue. Pas de solution vendue au rabais.
Puis vient l’audit. Le vrai. Celui qui creuse. Qui cartographie. Qui identifie ce qu’il faut changer, améliorer, simplifier.
Et là, seulement là, le déploiement commence. Avec un chef de projet. Un plan clair. Et un service manager dédié qui reste après l’installation.
Pas de "on installe et on disparaît". Pas de hotline délocalisée. De la présence. Du concret. Du process. Et des résultats.
Visualiser pour optimiser : sortir du flou, une carte à la fois
Vous voulez améliorer ? Commencez par regarder. Pas vaguement. Précisément.
Chez Silicom, la cartographie des processus n’est pas un exercice cosmétique. C’est un levier de performance. Gregory l’explique clairement : ce qu’on ne voit pas, on ne peut pas l’améliorer. Et ce qu’on ne formalise pas, on ne le comprend pas.
C’est pour ça que son équipe a investi dans des business analystes. Leur rôle ? Identifier les points de friction, les goulots d’étranglement, les redondances. Leur outil principal : la carte. Celle du processus. Celle du flux de travail. Celle de la réalité.
Car oui, la carte n’est pas le territoire. Mais c’est toujours mieux que le brouillard.
Comment appliquer tout cela dans votre entreprise ?
Vous n’avez pas besoin d’une transformation massive demain matin. Vous avez besoin d’une première étape claire.
Voici par où commencer :
- Analysez vos finances : quelles activités apportent du revenu ?
- Identifiez un processus douloureux : un flux de travail qui crée des tensions, des erreurs ou du flou.
- Cartographiez-le : Avec une feuille, un crayon ou Miro. L’objectif ? Comprendre comment les choses se passent vraiment.
- Posez une règle claire : par exemple, qui valide quoi, dans quel délai.
- Impliquez les équipes : ce sont elles qui vivent le processus au quotidien. Sans leur adhésion, rien ne tient.
- Améliorez petit à petit : un changement visible vaut mieux qu’un plan parfait jamais mis en place.
Et surtout : fixez-vous une date de revue. Les processus ne sont pas figés. Ils évoluent. Comme votre entreprise.
Conclusion : Vous voulez de la liberté ? Commencez par nettoyer le chaos
Derrière chaque dirigeant débordé, il y a souvent un mélange de loyauté mal placée, de peur de décevoir, et de croyance que tout repose sur ses épaules.
Mais la croissance, la vraie, demande autre chose. Du courage pour dire non. De la discipline pour formaliser. Et de la confiance pour déléguer.
Les stratégies de Gregory Feret ne sont pas magiques. Elles sont réalistes. Applicables. Et surtout, elles démontrent qu’on peut structurer sans perdre l’âme de son entreprise.
Alors, si vous en avez marre de confondre agitation et efficacité... commencez aujourd’hui.
- Choisissez un processus à cartographier.
- Bloquez deux heures dans votre agenda.
- Et engagez la première conversation avec votre équipe.
Parce que diriger, ce n’est pas tout faire. C'est mettre de l'ordre dans le chaos.
À écouter maintenant : l'épisode avec Gregory Feret
Dans cet épisode du podcast Process Advantage, vous découvrirez :
- Pourquoi dire oui augmente le chiffre d'affaires, et dire non augmente le bénéfice.
- Ce qui se cache derrière les décisions prise au feeling (et pourquoi ça empêche les entreprises de se développer).
- Des exemples concrets pour transformer votre quotidien de dirigeant
